Depuis le début de la pandémie, plusieurs voix ont alerté sur l’impact de la crise sanitaire sur la santé mentale des plus jeunes, pointant notamment une augmentation du risque suicidaire. Une étude menée à l’hôpital Robert-Debré et présentée pendant le congrès confirme le phénomène tout en soulignant que la dynamique était déjà enclenchée avant le Covid-19. « Nous avons repris les registres et regardé combien de tentatives de suicide (TS) concernant des enfants de moins de 15 ans avaient été vues dans notre hôpital entre janvier 2010 et avril 2021 », explique le Dr Alicia Cohen (Paris). Cette analyse a montré une forte hausse des TS pédiatriques à partir de septembre 2020, avec plus de 40 passages aux urgences mensuels pour ce motif fin 2020 contre 22,5 un an plus tôt et 12,2 à l’été 2019. De façon moins marquée mais significative, ce travail retrouve aussi une hausse des TS entre 2010 et 2018.
Une étude américaine réalisée avant le Covid faisait le même constat avec, sur cette période, une augmentation des TS médicamenteuses de 300 % chez les 10-12 ans et de 120 % chez les 13-15 ans. Cette tendance à la hausse était particulièrement nette chez les filles, et allait de pair avec une augmentation de la dangerosité des moyens utilisés.
Des recos sur les signes d’alerte
Dans ce contexte, la Haute Autorité de santé a émis en septembre des recommandations spécifiquement consacrées aux idées et conduites suicidaires de l’enfant et l’adolescent. Le texte met notamment l’accent sur les signes d’alerte. « Si certains enfants verbalisent leurs pensées suicidaires, tous ne le font pas, souligne le Dr Cohen. D’où l’importance d’avoir en tête les autres signes qui peuvent mettre sur la voie. » Chez l’enfant, un changement brutal du comportement peut être particulièrement évocateur, notamment l’apparition d’une irritabilité excessive, « qui constitue le premier signe de dépression en pédiatrie », rappelle le Dr Cohen. Chez l’adolescent, on recherchera surtout « une consommation de drogue ou d’alcool accrue, des actes d’automutilation ou encore le décrochage scolaire ».
Le Bullying Insomnia Tobacco Stress Test (BITS) permet d’aller plus loin en interrogeant l’enfant sur quatre aspects de sa vie (sommeil, niveau de stress, harcèlement et tabagisme). En cas de doute, « il ne faut pas hésiter à demander de façon explicite à l’enfant s’il a des idées suicidaires », insiste le Dr Cohen. Contrairement à certaines craintes, poser la question n’induit pas de passage à l’acte. »
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