Le Covid-19 a-t-il eu une influence sur le choix de plus en plus fréquent des partis voués à la répression et à l'autoritarisme ? En tout cas, les exemples offerts par la Russie ou la Chine ne sont guère convaincants. Certes, cela fait des centaines de millions de malheureux privés de leurs libertés, martyrisés par leurs dirigeants, comme en Birmanie, au bord de la misère, comme au Liban, tandis que triomphent ceux de nos pires ennemis, comme les talibans, avec qui nous dialoguons maintenant. Ce n'est rien de les avoir désignés pour ce qu'ils sont, mais il y a pire qu'eux et nous soupesons maladroitement les défauts respectifs des uns et des autres.
Pour quel résultat ? Comment ne pas comprendre qu'en les rendant fréquentables, nous avons délibérément affaibli nos démocraties ? Dans un monde pestilentiel, nous avons perdu notre odorat. La pandémie a accru notre vulnérabilité parce que, contrairement à nos ennemis, nous faisons grand cas de la vie humaine et haïssons la souffrance. Ce qui déclenche leur rire cynique, énorme, planétaire. Ils nous attaquent, ils nous raillent sous le prétexte que nous défendons quelques vertus, et ils proposent un modèle fondé sur le mensonge, la vérité alternative, la cruauté.
Les pour et les contre
Beaucoup d'entre nous ont choisi de rejoindre le camp de l'égoïsme, du totalitarisme, du souverainisme appuyé sur l'élimination de l'adversaire. De sorte que nos sociétés sont minées de l'intérieur, ce dont nous ne sommes pas forcément conscients. Notre devoir, au moment du bilan de l'année est d'énumérer les pour afin qu'il n'y ait pas que des contre. D'abord, les extrêmes droites reculent en Europe, notamment en Allemagne, exemplaire par sa transition démocratique et en Italie où elle est réduite à son portion congrue. Ensuite, la victoire de Joe Biden en 2020 a fait reculer le monstre totalitaire aux États-Unis. Enfin, l'année 2021 aura été celle d'une belle croissance et d'une forte réduction du chômage.
Ce qui nous autorise à nourrir quelques espoirs pour 2022. Tant que nous adhérons au système du suffrage universel (un homme -ou une femme-, une voix) nous continuons à peser sur la société qui nous abrite. Nous rejetons l'analyse de ces ambitieux toujours prompts à présenter de la France un tableau catastrophique pour mieux inventer des remèdes universels qui, en réalité, ne sont que des poisons. Nous devons résister non seulement à la violence de la revendication extrême, non seulement à la dictature des sondages, mais fixer notre regard sur l'horizon : nous avons un avenir à protéger et n'oublions jamais que, si nous manquions à nos devoirs, ce serait les générations futures de Français qui en pâtiraient.
Le triomphalisme russe ou chinois ne décrit en fait qu'une partie des choses. C'est une avenue à sens unique mais jalonnée de haies élevées. Ils refusent de nous imiter, mais en inventant un système différent, ils n'en ont pas prévu tous les inconvénients, qu'ils tentent d'aplanir par des oukases de plus en plus insupportables pour le peuple. On n'en parle pas assez, mais il ne faut pas oublier le martyre du courageux Alexei Navalny, de l'enfer vécu par Ang San Suu Kyi, des Afghans livrés corps et âme à l'obscurantisme, des Libanais privés de tout par les clans ethniques ou religieux, des Syriens exilés, des Brésiliens gouvernés par un agité du bocal, et j'en passe.
Ils n'ont rien à nous apprendre
Si bien que nous ne saurions nous contenter, nous en Occident, d'une démocratie formelle. Elle n'a de signification que si elle est universelle, elle ne tiendra que si vraiment l'autre exemple de système commence à brûler de l'intérieur. Or ce n'est pas en opposant à une forme d'obscurantisme une autre forme d'obscurantisme que nous parviendrons à affaiblir nos adversaires. Ils auront tôt fait de dénoncer cette orientation, et pire, de prétendre que leur totalitarisme n'a, lui, que des vertus.
C'est faux, bien sûr. Ils n'ont rien à nous apprendre parce qu'eux-mêmes n'ont rien appris de leurs mortelles erreurs du passé. Ils vivent dans le déni, comme si la privation de liberté sanctifiait le mal qu'ils font à leurs peuples, au nom de l'égalité, bien sûr, ou de la charia, mais toujours sous un prétexte d'une nature particulièrement horrible, répréhensible et que nous devons combattre par tous les moyens dont nous disposons.
2021 a accentué la dépolitisation du peuple français qui ne s'intéressera aux élections que lorsque ce sera le moment. Mais de la même manière que pour venir à bout de la pandémie, il faut être vigilant à chaque seconde, de même on ne saurait négliger les efforts « révolutionaires » tentés à l'intérieur du pays et à l'extérieur. Eux sont jour et nuit sur le pied de guerre ; eux sont habités constamment par leur passions tristes, haine des autres, mépris, cruauté, hostilité aux principes démocratiques. Personne ne le dit, tout le monde pèse jusqu'au microgramme l'influence d'un Zemmour ou d'une Le Pen, chacun regarde, indifférent, comment ça se passe. Mais attention : un certain jour d'avril, il sera trop tard.
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