Au-delà du 49/3, Macron doit forger un pacte avec LR

Publié le 25/11/2022
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Codifié, le recours au 49/3 touche à sa fin et le gouvernement doit changer de méthode pour engager ses réformes. Il le fera parce que Emmanuel Macron ne peut pas être le « président-zombie » si complaisamment décrit par « le Point ». Formule qui aide à vendre du papier mais ne correspond nullement à la présence du président de la République sur tous les théâtres politiques.
Macron au Congrès de la francophonie

Macron au Congrès de la francophonie
Crédit photo : AFP

Le bilan de ses premiers mois de mandat après les élections législativs n'est pas brillant. La cote de popularité du chef de l'État a chuté, passant à 35 %. La Première ministre ne fait pas mieux, qui reste impassible sous les invectives à l'Assemblée nationale et a réussi à faire adopter sans vote le budget et la réforme de l'assurance-chômage. L'histoire dira qu'Elisabeth Borne a fait son travail sous un déluge de contestations et que sa seule présence a suffi à démontrer que la violence des débats cachait l'impuissance des oppositions, incapables de s'unir pour provoquer une dissolution. 

Ce n'est pas que Macron ne l'ait pas envisagée, ni que le rapport de forces ne l'invite pas à prendre cette mesure radicale. Mais l'hypothèse seule de la dissolution fait frémir de terreur la Nupes, LR, le RN et même la macronie. Tous ne sont pas sûrs de retrouver leurs billes après des élections législatives anticipées. On comprend que la droite classique rejette une expérience risquée pour tout le monde, donc pour elle aussi. On comprend moins bien que LR, nostalgique de sa splendeur passée, ne s'achemine vers un accord avec la macronie qu'en répétant matin et soir son aversion pour le parti au pouvoir.

La conviction du Rassemblement national qu'il est désormais aux marches du pouvoir, la certitude de la Nupes, ou tout au moins de Jean-Luc Mélenchon, qu'il peut chasser Macron de l'Élysée, toutes les illusions, toutes les prédictions qui s'auto-réaliseraient ont effacé le rationalisme des démarches politiques. On y trouve en revanche d'énormes émotions; et comment pourrait-il en être autrement quand il y a une guerre en Europe, quand la planète brûle, quand l'inflation appauvrit les classes sociales, quand l'avenir est aussi incertain ? 

Qui, pour remplacer Macron ?

Il semble que le RN et la France insoumise sous-estiment le macronisme. Ils croient à sa perte de popularité, ils le disent minoritaire, ce qui est faux. Ils le voient partir bientôt la queue entre les jambes. L'électorat, s'il est sollicité prématurément, s'apercevra, au moment de voter, qu'il n'y a personne, pour le moment, au-delà de Macron, que Mélenchon aime seulement taper sur les cymbales et que Marine Le Pen n'a pas de programme. Macron n'est pas seul contre tous. Il est plus vrai de dire que les disputes entre partis politiques n'ouvrent aucune alternance. Le président en exercice incarne le pays, il a été réélu et, s'il ne parvient pas à s'unir avec un autre parti, c'est parce que LR n'a pas encore de chef, et cherche un programme non pas d'intérêt général mais susceptible de lui faire gagner des voix.

Dans les rapports entre la macronie et LR, il y a pourtant des signaux annonciateurs d'une coalition, par exemple le projet de réforme des retraites concoté par les sénateurs et qui ressemble à s'y méprendre à celui d'Emmanuel Macron. Les Républicains ont mâché le travail pour le pouvoir ; ce faisant, ils se sont mis à dos Le Pen et Mélenchon. N'est-ce donc pas un choix décisif qui annonce une majorité absolue sans besoin de dissolution ? Au fond, la seule chose qui retienne les Républicains, c'est la nostalgie de leur statut perdu, l'idée que des prédateurs ont dévoré leurs entrailles, que, tout en perdant leur leadership, ils ont prouvé de façon éclatante que le pays s'est installé à droite durablement, que c'est leur électorat qui, au travers du macronisme, exprime ses choix. Ils savent aussi que s'ils restent hostiles à Macron, ils perdront des électeurs qui iront voter RN.

Échaudés par une série de revers, inquiets des liens solides entre Macron et Sarkozy, rendus paranoïaques par l'ampleur de la tâche, les Républicains voudraient s'associer à Macron tout en provoquant sa chute. Ce n'est pas de cette manière que les choses marchent. Bien sûr, l'alternative est un accord avec les sociaux-démocrates du PS, mais il est encore plus difficle à réaliser.

Richard Liscia

Source : Le Quotidien du médecin