Comme d'autres peuples, les Français ont exprimé leur nostalgie d'un système qui s'est soudainement affaissé et qu'ls ne retrouveront sans doute jamais. Le réchauffement climatique ne peut être combattu que par un rationnement de l'énergie auquel ils ne sont pas habitués ; la guerre en Ukraine contient des dangers qui risquent de nous atteindre rapidement et de bouleverser notre quotidien ; l'inflation et la crise du pouvoir d'achat menacent principalement la classe moyenne, habituée à une vie qu'ils considéraient comme un long fleuve tranquille.
S'il n'y a rien, dans ces menaces, que nous ne saurions prévenir par une gouvernance adaptée, il n'y a rien non plus qui soit encourageant. Il suffit d'observer la grande transhumance de l'été pour comprendre que les pouvoirs publics et les systèmes de transport ne savent plus la gérer. Nous souffrons d'un paradoxe : nous avons cru, au printemps, que nous en avions fini avec le virus Covid-19. Nous nous sommes précipités vers l'été et les vacances avec la conviction qu'ils nous étaient dus en quelque sorte. Comme tous les phénomènes de masse, celui-ci contient sa part d'enfer : grèves dans les aéroports, manque de personnels dans le réseau des hôtels et des restaurants, réapparition alarmante du Covid, tension internationale qui pourrait aboutir à une guerre au moment où nous sommes à l'étranger.
Mais l'Ukraine, nation martyre, n'est pas seulement un abcès de la planète, c'est l'occasion de réunir nos forces contre le danger venu de l'est. L'Europe n'a pas tardé à se solidariser avec Kiev, a inscrit l'Ukraine sur la liste des pays candidats à l'adhésion à l'UE, s'est rapprochée de l'OTAN, laquelle a renforcé ses contingents et ses équipements à la frontière avec la Russie. On l'a assez dit : Vladimir Poutine a déjà perdu cette guerre même s'il conquiert une grosse partie du pays qu'il a agressé ignominieusement, parce que loin de nous dicter son fait accompli, il se retrouve encerclé par une foule de pays démocratiques.
L'UE, victime de son succès
Notre souci collectif de défendre notre système de principes démocratiques constitue en outre un avertissement à la Chine. Une sorte de camp vertueux a été créé qui donne un coup d'arrêt à l'ambition de Pékin et de Moscou de dominer le reste de la planète. Notre plus grande déception, à cet égard, est la permanence du trumpisme aux États-Unis. Donald Trump a fort peu de chances d'être réélu un jour, mais il a imprégné de ses idées, ou de ses tares, la société américaine qui n'a jamais été aussi bigote, réactionnaire, arcboutée sur son passé plutôt que sur ses perspectives d'avenir. Le schisme entre droite et gauche est devenu intolérable, il divise les familles, les conseils municipaux, les races et les classes. Il domine le pays alors qu'un président démocrate est à la Maison Blanche. Un mouvement massif s'organise pour reprendre le pouvoir et pourchasser les femmes enceintes, les homosexuels, les libertés individuelles.
Nous n'avons pas d'alternative à la contribution politique et sociale des États-Unis : où que nous regardions, les choix sont peu enthousiasmants et parfois mortels. L'Union européenne est victime de son succès : elle soulève une jalousie et des appétits qui, si nous ne les faisons pas reculer, aideraient la Russie et la Chine à étendre sur le monde leur sinistre credo. Certes, l'Europe est relativement à l'aise en compagnie de Joe Biden, mais sera-t-il réélu ? Et, si un candidat plus jeune venait à se présenter, pourrait-il gouverner une foule en folie ? Nous souffrons des incertitudes américaines comme des autres : des États-Unis revenus à l'isolationnisme cesseraient leur aide à l'Ukraine et Moscou, qui n'a aucun scrupule, passerait à la phase 2, la neutralisation des pays baltes et de la Pologne. Car le combat n'est pas entre une Russie soudain saisie d'une fièvre destructrice et le reste du monde, il est entre l'arbitraire et la démocratie, le joug et la liberté.
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