Les tractations ont déclenché, dans les partis concernés, une alerte idéologique. Mélenchon, en effet, prétend avoir mis de l'eau dans son vin sans vraiment faire de concessions au sujet des grands axes de son programme. Du coup, son initiative a entraîné une scission du PS, déjà très affaibli par le score d'Anne Hidalgo (1,7 % au premier tour de la présidentielle) et voué à un effondrement. De la même manière, emmenés par Yannick Jadot, les démocrates d'EELV se sont insurgés contre un projet qu'ils jugent néfaste et qui, de fait, ne va nulle part.
En effet, même si Mélenchon réunit la totalité de la gauche, celle-ci est structurellement minoritaire, à environ 32 %, ce qui lui ferme l'accès à une majorité parlementaire et empêche le chef des Insoumis d'être « élu » Premier ministre, comme il le répète avec sa faconde habituelle, alors que le chef du gouvernement est choisi par le président de la République, lequel a aussi le droit de trouver un Premier ministre qui ne serait pas nécessairement Mélenchon.
Ce qui est surprenant, c'est que, en dépit des obstacles mentionnés ci-dessus, Jean-Luc Mélenchon continue de feindre qu'il est soutenu par une logique imparable. À la vérité des chiffres, il a susbtitué celle de ses vœux, qui ne doivent rien à l'arithmétique. Lors des législatives, il y aura sans doute une forte proportion d'abstentions, les électeurs estimant, à tort, que les dés sont jetés. Il n'y aucune chance qu'il y ait une mobilisation en faveur des slogans, espoirs et illusions de la France insoumise. Comme le pays est clairement à droite, Emmanuel Macron n'aura pas de difficulté à trouver sa majorité et il drainera en outre ceux de la gauche qui ne veulent pas passer cinq ans à ne rien faire.
Ce rêve éveillé n'est possible qu'en France, seul pays où l'on continue, malgré toutes les avanies, à prendre ses désirs pour des réalités et à penser d'un président réélu avec plus de 58 % des suffrages, qu'il est mal élu, qu'il est illégitime et que les adversaires qu'il a mis au carreau sont en meilleure forme que lui. Il suffit de voir la mine confiante et réjouie de M. Macron pour savoir qu'il se moque des analyses controuvées, et qu'il puise son dynamisme et son audace sans sa réélection.
La magie de l'hologramme
Comme une partie de l'opinion continue à penser que Macron est à l'origine de tous les maux du pays, elle croit qu'il suffisait de le battre pour que tout s'arrange. C'est juste le contraire. Si Marine Le Pen l'avait emporté sur Macron, elle aurait rapidement démoli les structures utiles qu'il a mises en place. Et si Mélenchon se dit tous les matins qu'il était à deux doigts de se qualifier pour le second tour, il lui faut réfléchir au-delà de son score (22 %). Il aurait été balayé au second tour par 60/40, au bas mot. Et, comme pour Perrette et le pot de lait, adieu veaux, vaches, couvées... et Matignon.
On n'arrête pas l'imagination destructive des perdants : M. Mélenchon n'a pas son pareil pour continuer le spectacle après le baisser du rideau. Grand communicateur, et adepte de la magie de l'hologramme, il se produit sur tous les tréteaux mis à sa disposition par la démocratie, cette splendide invention qui produit aussi les verges pour s'autofouetter. Mais qui est dupe ? Rejoindre Mélenchon, c'est se lancer dans une mésaventure sans précédent, c'est perdre son âme et ses chances, c'est se trahir soi-même, non seulement ses convictions, mais sa propre intelligence. Car comment ne pas comprendre que la fameuse Union populaire n'est qu'un instrument conçu pour servir la cause unique des Insoumis ?
On dira, bien sûr, que Mélenhcon soutient une cause sociale. C'est bien possible, mais ce serait folie de tenter l'expérience. Elle échouera de toute façon. Pourtant, il sera impossible, pour les Français, de retourner alors à la case départ.
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