On comprend que, pour le chef de l'État, il ne soit pas possible, avant de longs mois, de lever son secret de polichinelle, ne serait-ce que parce qu'il doit montrer, et il l'a dit, qu'il doit gouverner jusqu'au dernier jour de son mandat. Pour Zemmour, en revanche, il s'agit seulement d'ajouter un peu de piment à une campagne qui va tambour-battant et ne laisse aucun doute sur ses intentions. Le corps électoral ferait mieux d'ignorer ces énigmes et de ne pas tenter de les élucider. Faisons comme s'ils étaient candidats.
La droite ne s'est jamais, peut-être, trouvée dans une situation aussi défavorable. Chaque jour, M. Zemmour lui prend des suffrages sans qu'elle sache de quelle manière réagir. Il ne grossit que grâce aux intentions de vote des Républicains et du Rassemblement national et transforme ainsi une France qui a abandonné la gauche en réservoir de votes pour un Zemmour arrivé dans la course comme un chien dans un jeu de quilles. Pourtant, il n'a rien inventé. Il est la Marine Le Pen d'il y a quelques années avec son discours dangereux sur le renoncement à l'Europe et à l'euro et le traitement de l'immigration par le retour à l'envoyeur. Il ressuscite Jean-Marie Le Pen, dont il est idéologiquement, le clone parfait.
À gauche, Anne Hidalgo et ses amis veulent croire à un miracle. Elle vient d'obtenir le soutien de François Hollande qui affirme, sans y croire, qu'elle peut réaliser son score, c'est-à-dire partir de très bas et se faire élire à la magistrature suprême. Comparaison n'est pas raison : à six mois de l'élection présidentielle, en 2011, M. Hollande avait des intentions de vote deux fois supérieures à celles de Mme Hidalgo aujourd'hui. Ni le PC ni M. Mélechon ne rejoindront le PS et l'alliance avec les écologistes ne sera conclue que si les Verts ont le premier rôle, ce dont le PS ne veut pas entendre parler.
L'affaire n'est pas réglée
Dans cette répartition des rôles très embrouillée, on devine que les plus combatifs des candidats savent au fond d'eux-mêmes qu'ils ne franchiront pas le cap du second tour. On dirait que, pour Emmanuel Macron, l'affaire est réglée si lui-même, dans sa frénésie à tout diriger au lieu de faire campagne, ne semblait craindre un événement qui remettrait tout en question et donc, sa propre candidature. D'où pourrait venir ce mauvais coup du sort ? Principalement de la pandémie, qui n'a nullement disparu, surtout si un nouveau variant résiste à l'immunisation qui a eu raison du variant Delta. Pour les autorités sanitaires et politiques, ce serait une tâche accablante, d'autant que la population est lasse, au bout de deux ans, de continuer à se protéger.
La campagne vaccinale a eu d'excellents effets : nous n'avons pas aujourd'hui de taux de contamination comparables, par exemple, à ceux de l'Allemagne (et encore moins à ceux de la Russie). Mais, accompagnée par un relâchement des comportements, l'apparition d'une nouvelle souche poserait un problème sanitaire, économique et social et remettrait en question le retour des habitudes et traditions, comme le voyage, les vacances, les loisirs et le tourisme. Dans l'effort que le gouvernement exige de la population, la notion de temps est essentielle. Un effort de trois mois est acceptable, un effort permanent non, surtout si les résultats ne sont pas à la hauteur des promesses. On comprend que, dans ces conditions, le gouvernement s'efforce de surveiller les hospitalisations et principalement l'engorgement des salles de réanimation.
En réalité, le problème n'a pas changé de nature. La France a combattu le Covid avec des succès incontestables, mais les médecins savent qu'il va falloir continuer à la gérer avec une minutie qui exclut cette fois tout nouveau confinement. Le salut reste donc dans la vaccination et les gestes-barrières. Les laboratoires ont prouvé qu'ils peuvent réagir très vite à un rebond du virus (ou l'apparition d'une autre souche) mais ils ne seront utiles que si les Français jouent le jeu.
ncienens
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