Le duo Macron-Le Pen jouent cette fois dans un autre film. L'écart qui les sépare ne suffit pas à garantir le triomphe du président. L'apport massif des voix de Zemmour va avoir un effet de propulsion sur la candidature de Marine Le Pen. Emmanuel Macron doit faire le plein des démocrates assignés à une double tâche : accomplir leur devoir civique et écarter brutalement Marine du pouvoir.
À 22% des suffrages, Mélenchon fait un score remarquable. La date du premier tour aurait été repoussée d'une semaine qu'il se serait probablement qualifié pour le second tour. Ce n'aurait pas été une catastrophe pour le chef de l'État qui l'aurait battu avec vingt points d'avance. C'est assez dire que, si Macron n'a pas trop de raisons de se réjouir, Marine Le Pen en a encore moins : elle voit arriver cette majorité de circonstance qui mélangera les torchons et les serviettes, sous la forme d'une coalition éphémère entre gauchistes et centristes.
La droite et la gauche classiques ont été laminées. En gros, elles vont se rallier au président. Mais elles font de leur identité leur raison de vivre. Passé le second tour, elles risquent fort de ne pas rejoindre le creuset où Macron voudrait fusionner le PS, les écolos et LR. Les promesses de vote en sa faveur ne valent que pour le second tour, pour écarter durablement l'extrême droite. Il serait bon et utile, cette fois, que Macron donne des gages à cette galaxie d'étoiles pâlissantes et presque invisibles, qu'il présente un programme à forte consonance écologiste, soucieux des inégalités et généreux pour les personnes âgées et retraités.
Une réforme n'est pas une révolution
En d'autres termes, si le PS et LR sont conviés à une réflexion longue et profonde sur leur destin, le macronisme doit lui aussi se plier à l'exercice. Il n'a plus la fraîcheur du dégagisme et risque d'être dégagé à son tour ; il ne peut plus créer la surprise ; il lui reste une analyse juste, celle qui explique que l'électorat français est de plus en plus tenté par les extrêmes, lepénistes, zemmouristes et mélenchonistes qui forment quelque 52 % du total des électeurs et qui, en somme, ne sont pas tellement différents les uns des autres, Zemmour ayant les accents effrayants de Mélenchon et celui-ci épousant l'euroscepticisme des deux autres.
Dans cette séquence historique extraordinaire, il y a une urgence : la victoire de Macron pour mettre le pays à l'abri des fantasmes de l'extrême droite et de l'extrême gauche. Et il y a un avenir masqué par le brouillard : est-ce que les forces positives du pays ont encore assez de soldats pour réformer la France dans le sens d'un redressement économique, financier, environnmental ? Le second tour servira de test. Il doit absolument démontrer que les extrêmes, en France, ne peuvent pas conquérir le pouvoir par les urnes ; que la Constitution est l'acte fondamental qui nous protège collectivement contre le désordre ; et qu'une réforme n'est pas une révolution.
En revanche, Macron est avalisé par le premier tour. La droite et la gauche n'existent plus et nulle refondation ne leur donnera les troupes d'antan. Il faut donc que le vote du second tour ouvre la voie à une ère nouvelle : un creuset assez vaste où iront se rejoindre droite, gauche, centristes et macronistes. L'éparpillement des suffrages entre candidats en difficulté n'annonce nullement cette éventualité. Mais l'offre politique d'aujourd'hui tient en deux volets : le délire ou la sagesse. Qu'il soit de droite ou de gauche, l'extrémisme n'est pas la panacée. On a vu dans Macron les caprices, l'arrogance, et même de la négligence quand il a refusé de faire campagne. On n'a pas vu qu'il fut, est et restera un rempart contre les folies politiques du XXIème siècle.
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