La tension entre les partis politiques est parvenue à un tel niveau, la violence créée par le choc des déclarations est assez alarmante, les accusations et les manipulations sont si fréquentes que chaque parti se déclarera vainqueur alors que, dans la poussière de la mêlée, on distinguera la vérité : les régionales confirmeront que le RN est le premier parti de France, elles indiqueront les chances respectives de chacun des candidats potentiels à la présidence, mais elles montreront aussi que, si la République en marche demeure incapable de s’implanter sur tout le territoire, Marine Le Pen n’a pas encore brisé le fameux plafond de verre.
Ce n’est pas pourtant qu’elle ne dispose pas de troupes suffisantes. Mais le combat livré contre elle par la gauche est dérisoire dans la mesure où il n’y aura pas, au niveau des partis, un front républicain susceptible de faire reculer l’extrême droite. L’attitude des Républicains (LR) est très décevante de ce point de vue. Ils ont très mal réagi à la tentative de Renaud Muselier de s’allier avec la République en marche dans la région Paca. Ils l’ont cloué au pilori, puis réhabilité mais sans grand enthousiasme. Ils ne voient pas que le transfuge Thierry Mariani, qui caracole en tête des sondages, a ouvert la brèche par laquelle bon nombre de LR vont s’engouffrer pour voter RN. La confusion des idées et des stratégies, souvent réduites à de minables tactiques sans effet, semble offrir à Mme Le Pen un boulevard vers la magistrature suprême.
Pourtant les élections de 2022 seront très différentes de celles de 2017. Si, il y a quatre ans, Emmanuel Macron a créé un mouvement politique ex nihilo, l’an prochain nous assisterons à une bataille de personnalités, infiniment plus qu’à un conflit d’idées, et encore plus qu’à une guerre d’idéologies. C’est sur la crédibilité des candidats que se joueront les deux tours. Le président de la République a fort bien compris cette évolution et entend se présenter, sinon seul, avec le soutien des marcheurs, en tant que président de tous les Français. Et, en dépit de l’avalanche de critiques, justement exprimées par les partis politiques et que l’opinion s’amuse à entendre mais sans vraiment les croire, il va au combat avec la cote personnelle la plus élevée.
Un mandat explosif.
Il ne s’agit pas d’ignorer que tout pronostic à onze mois de la présidentielle est risqué ou dépourvu de pertinence. Il n’empêche que toutes les enquêtes d’opinion montrent la hausse de la cote de Macron, lente mais sûre, et qui lui accorde maintenant la moitié des suffrages. Ce n’est pas un mince exploit pour un président qui a exercé le mandat le plus détestable, le plus contrariant, le plus explosif de l’histoire de la République. Il est même curieux que les électeurs, tout en étant majoritairement hostiles à Emmanuel Macron et à la majeure partie de son bilan, ne voient guère que lui pour reprendre le flambeau et achever sa tâche. Il s’agit d’une contradiction courante : le président indispose l’opinion par ses réformes, mais elle les croient nécessaires.
Un exemple : ils ne veulent pas de la réforme des retraites avant les échéances de 2022, mais ils y sont favorables pour plus tard. Pour un second mandat ? Il est fort regrettable que LR ait renoncé au front républicain et on est en droit de se demander si ce parti est plus tenté par Marine Le Pen que par un démocrate. Mais les échecs de la République en marche dans toutes les élections intermédiaires et la dé-diabolisation constante de la cheffe du RN ne laissent aucun choix à Emmanuel Macron : il laisse entendre depuis plusieurs mois qu’il ira aux présidentielles non pas en tant que chef d’un parti qui n’a pas fait ses preuves mais en tant que chef de l’État qui tentera de s’élever au-dessus d’une mêlée inextricable.
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