Commençons par l'extrême droite : au moment où Éric Zemmour s'apprêtait à se déclarer, après une ascension remarquable dans les sondages, sa visite à Marseille a été un fiasco. Une passante lui a fait d'un doigt d'honneur auquel il a riposté de la même manière, ce qui n'est pas présidentiel. Mais ce n'est pas uniquement ce geste malheureux et indigne qui témoigne du subit ralentissement de sa campagne : son principal financier lui fait défaut ; la gauche et l'extrême gauche, pas dupes de ses procédés, sont mobilisées contre lui ; Marine Le Pen remonte le courant et semble en mesure de l'écarter du second tour. Il aura néanmoins créé autour de l'extrême droite un halo hostile à ses ambitions en particulier et à son camp en général. Il s'était donné pour mission de dépasser Mme Le Pen, le contraire risque de se produire.
Passons maintenant aux écologistes. Yannick Jadot semblait bien tenir ses troupes. Voilà que Nicolas Hulot est acusé de viol ou d'agression sexuelle par plusieurs femmes. Les faits sont prescrits, le scandale est immense et rejaillit sur Europe Écologie les Verts, sous le prétexte que Mathieu Orphelin, un membre de la direction du parti, a eu l'occasion de travailler avec M. Hulot. Épuration ? Procès bolchevique : MM. Orphelin et Jadot ne s'entendent guère, d'où un règlement de comptes, technique qui n'a cessé d'empoisonner les relations internes au parti écologiste.
Continuons avec la droite LR : elle a mis au point un plan de désignation de son candidat aussi objectif et serein que possible, qui n'a pas empêché les candidats à l'investiture du parti de s'attaquer les uns les autres, même s'ils ont concentré leurs tirs contre le président de la République. L'homme ou la femme désigné(e) n'est pas sûre d'obtenir la loyauté absolue de ses camarades.
Les Antilles et la pandémie
La République en marche, le MoDem et les partisans d'Édouard Philippe ont mis au point une sorte d'alliance qui sera l'instrument numéro un de la campagne. C'était indispensable pour les législatives, M. Macron ne pouvant prétendre à un nombre de députés égal à celui qu'il a obtenu en 2017. Depuis presque un an, les enquêtes d'opinion montrent que M. Macron arrive en second ou en tête du premier tour, puis qu'il bat son rival ou sa rivale au second tour, avec toutefois des marges différentes selon son adversaire. Il est difficile de trouver, sauf au temps de de Gaulle, une telle constance dans les sondages. Assurément, ils peuvent se tromper. Mais informés de la très forte position du président sortant, ils ne lui ont accordé aucune prime, c'est-à-dire aucun ajustement de points favorable.
Le chef de l'État s'efforce de gouverner tout en faisant campagne et évite autant qu'il peut les écueils naturels de l'actualité. Il y a quand même des clous dans sa chaussure. La crise des Antilles est très difficile à apaiser et peut durer jusqu'à l'année prochaine. Les oppositions n'ont pas la solution, mais il leur est facile de dénoncer « l'apathie » du gouvernement. L'autre problème, c'est la pandémie. L'apparition d'un variant exceptionnellement hargneux, l'Omicron, représente une menace pour la candidature du chef de l'État.
D'une certaine manière, les événements justifient le comportement de M. Macron, que rien n'oblige à se déclarer prématurément et qui est forcé de faire campagne tout en gouvernant, ce qui peut être un avantage, ou un inconvénient si ça se passe mal aux Antilles ou au niveau du virus. Sans compter les difficultés économiques ou diplomatiques de toutes sortes qui peuvent se produire d'ici au mois d'avril 2022. En d'autres termes, la campagne elle-même risque d'être plus compliquée pour M. Macron que la pré-campagne. L'équation, déjà complexe, comportera un nombre accru d'inconnues.
En outre, le tableau diplomatique n'est pas favorable au président : l'immigration et le Royaume-Uni lui posent un problème majeur. Il doit convaincre la nouvelle Allemagne, celle du chancelier Olaf Scholtz, de ne pas retourner à l'orthodoxie financière. Bien sûr, les oppositions le critiquent au sujet d'une série de difficultés pour lesquelles elles n'ont pas proposé de solutions. Macron doit répondre de son bilan pendant que les autres se contentent de le harceler.
L'année record de la violence et de l'arbitraire
Au-delà du 49/3, Macron doit forger un pacte avec LR
Pour les Ukrainiens, la chute de Kherson est une victoire historique
Le changement du monde exige de nouvelles politiques