S'il est indiscutable que la priorité mondiale est la lutte contre le réchauffement climatique, les États-Unis ne cachent pas que la protection de Taïwan contre les agressions chinoises est leur principal souci. L'arrivée à la Maison Blanche de Joe Biden a mis un terme à l'isolationnisme revendiqué par Donald Trump. Il n'est plus question d'abandonner la démocratie taïwanaise à une éventuelle invasion de l'armée populaire. Cimenté par le nationalisme, le projet de Xi contient les graines d'une guerre. Dès lors qu'il considère que la moitié des pays du Pacifique sont situés dans sa zone d'influence, ce n'est pas le détroit de Formose qui pourrait l'empêcher de phagocyter un État démocratique nuisible à sa réputation.
Il en va de même de tous les projets chinois, routes de la soie, voies commerciales uniquement conçues pour créer des implantations en Afrique et en Europe, démonstrations de puissance dans l'océan Pacifique par la construction de bases militaires qui menacent les Philippines, l'Asie du Sud-Est et l'Australie, rejet des consensus mondiaux sur l'environnement. Dans leur hâte à contrebalancer l'influence de l'Empire du Milieu, les États-Unis ont d'ailleurs commis une sérieuse erreur diplomatique quand ils ont évincé la France de l'accord qu'elle avait conclu avec le gouvernement australien pour la livraison d'une demi-douzaine de sous-marins.
La puissance chinoise, c'est le marché américain
Joe Biden a eu les mots qu'il fallait pour convaincre Emmanuel Macron qu'il avait commis une « maladresse », mais le problème est plus vaste : il est absurde de ne pas reconnaître la France comme une nation de l'Indo-Pacifique et c'est sur la base de cette reconnaissance que Paris et Washington s'apprêtent à ouvrir un nouveau dialogue. Certes, le monde est cloué sur place par l'arrogance chinoise, soutenue par un développement militaire sans précédent. Mais il ne faut pas oublier que la puissance chinoise n'est rien d'autre que le marché américain. Sans les énormes importations de biens chinois aux États-Unis, la Chine n'aurait pas acquis son statut actuel. Il suffirait que Joe Biden réduise ces importations à la manière chinoise, c'est-à-dire d'une façon unilatérale, pour que M. Xi soit aussitôt absorbé par d'intenses problèmes sociaux.
Une chute des échanges entre les deux pays serait un mal beaucoup moins grave qu'une guerre aux conséquences insoupçonnées. Il est temps de faire comprendre aux dictateurs qu'eux aussi ont des comptes à rendre à leur peuples, qui n'hésiteront pas à leur faire savoir que leur gestion devient désastreuse. Chez Joe Biden, il y a aussi l'idée qu'on ne peut pas courir plusieurs lièvres à la fois. C'est pourquoi, même si Vladimir Poutine se conduit avec la même suffisance que Xi, Biden s'efforce de « découpler » ses efforts diplomatiques en direction de Moscou et de Pékin. Bien que les deux pays soient alliés, Biden estime ou feint d'estimer que le danger chinois est plus imminent que le danger russe.
Les bruits de botte et les déclarations le plus enflammées n'y changeront rien : retournée au maoïsme, la Chine ne comprend plus que le langage de la force. Les Américains ne peuvent absolument pas renoncer à la fermeté et doivent, au cas ou Taïwan serait menacée, informer Pékin qu'ils déclencheraient une guerre. Ce n'est pas du tout rassurant pour l'avenir immédiat, mais les vieux principes restent éminemment valables : si tu veux la paix, prépare la guerre. Il est temps, pour les États-Unis et pour l'Union européenne de rétablir la confiance réciproque, de fournir la juste mesure de danger que fait courir au monde le parti communiste chinois, et de démontrer au gouvernement de Pékin qu'il n'est en place que parce qu'il exporte vers des marchés dont il n'a pas la clef et qu'il peut perdre à tout instant.
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