Venu de la social-démocratie, M. Orban a trouvé dans le populisme le moyen d'augmenter sa popularité de façon exponentielle, notamment en combattant l'immigration par des mesures radicales et en affichant des positions xénophobes. Il a obligé la Fondation du milliardaire George Soros, qui est juif, à quitter la Hongrie et a fait de lui le bouc émissaire de tous les difficultés possibles de son pays. Orban est depuis longtemps dans le collimateur des démocrates européens, au même titre que la Pologne, elle-même attirée par le système du parti unique, hostile à l'avortement et aux conquêtes féministes.
En arrivant au sommet, le Néerlandais Mark Rutte a immédiatement estimé que l'Europe n'avait pas besoin de la Hongrie, sous-entendant qu'elle pouvait être expulsée de l'Union. Ce n'est pourtant pas ce qu'a décidé le sommet, remettant à plus tard une confrontation avec le gouvernement hongrois qui ne saurait tarder. Mais de quelle manière peut-on soit amener Orban à résipiscence, soit, plus brutalement lui intimer l'ordre de partir avec armes et bagages ?
Une des difficultés tient au fait que les mœurs ne sont pas une compétence de l'UE. Mais il suffit que les 17 pays hostiles aux méthodes hongroises s'auto-saisissent du problème. Ils doivent le faire pour venir en aide aux minorités sexuelles. Il y a, chez Orban, le cynisme des populistes qui exigent de l'Europe qu'elle leur donne toutes les aides possibles au développement économique mais refusent de s'expliquer sur un sujet qu'ils considèrent comme une affaire relevant de la souveraineté d'un État.
Contrairement à ce qu'a dit M. Rutte, les démocrates européens ne peuvent chasser la Hongrie de l'Europe en un tournemain. La procédure légale existe et elle est longue à mettre en œuvre. Ils doivent saisir la Cour européenne de justice qui, d'une manière ou d'une autre, tranchera en faveur des minorités sexuelles. Reconnaissons que la tâche ne sera pas facile et qu'elle contient un inconvénient du précédent ainsi créé : la Pologne aussi pratique une politique intérieure inspirée par le bigotisme et par l'intolérance à l'égard des minorités. Si on réserve un traitement de cheval à la Hongrie, on doit administrer le même à la Pologne.
L'Europe est plus forte dans l'épreuve
Il demeure que l'Union européenne ne se grandirait pas si elle lâchait les minorités en rase campagne. Elle n'a, en revanche, rien à perdre, si elle menace Budapest de sanctions lourdes, comme la suspension des aides financières, dont le tarissement affecterait rapidement la popularité d'Orban. Le résultat de l'action de l'UE, à terme, serait certes la perte d'un ou deux pays. Contrairement à la Hongrie, la Pologne, elle, qui a une frontière commune avec la Russie, ne peut pas se permettre de se retrouver isolée face à Vladimir Poutine, alors que Viktor Orban, avec le dessein évident d'intimider la diplomatie européenne, s'emploie à renforcer les liens de Budapest avec Moscou.
L'Union n'a pas d'autre choix que de se prononcer en faveur des droits de l'homme en toute circonstance et sans exception. Si elle parvenait à faire reculer Viktor Orban, elle améliorerait sa popularité et jouerait un rôle politique décisif. Ce qui pose la question de son étendue territoriale et des règles qui la régissent. On a assez dit que l'Union a prématurément ouvert les bras à des pays qui devaient d'abord faire la preuve de leurs intentions démocratiques. Si elle perd un ou deux pays, cela n'empêcherait pas les autres d'avancer ; ils seraient même encouragés à renforcer leur intégration.
Il faut toujours se montrer optimiste au sujet de l'UE : c'est dans l'épreuve qu'elle réagit le mieux, comme l'a démontré l'accord, historique, qui a permis de lancer un immense plan de relance, créant une dette commune et non atttribuée à chacun des pays. Pour parvenir à cet accord, il fallait convaincre la chancelière allemande, Angela Merkel, laquelle, devant le danger, a abandonné l'un de ses dogmes préférés. Si on a pu convaincre l'Allemagne, on peut en faire autant avec la Hongrie.
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