Tout ça pour ça ? Il est plus que probable que le duel du second tour aura lieu entre Macron et Le Pen, exactement comme en 2017, alors que les Français n'ont cessé de dire qu'ils étaient hostiles au remake d'il y a cinq ans. Emmanuel Macron, trop occupé par la guerre en Ukraine, n'a guère ferraillé contre ses adversaires qui, eux, ne se sont pas privés de lui décocher des banderilles. En conséquence, il a perdu trois points, passant de 31 à 28 %, au profit direct de la cheffe du RN. De sorte que, s'il reste en mesure de vaincre Mme Le Pen au second tour, ce sera avec un écart très réduit : 7 points, alors que, en 2017, il l'avait battue par 66/34.
Deux facteurs ont permis à Marine Le Pen de retrouver sa forme. Le premier est la chute d'Éric Zemmour dans les sondages : sa moyenne le place à la troisième ou à la quatrième place, tout simplement parce qu'il s'est montré pro-Poutine dès le début de l'invasion de l'Ukraine. Il a ensuite tenté de nuancer ses propos, ce qui ne lui a pas réussi, car la France a suivi le grand mouvement de solidarité en faveur des Ukrainiens et que ses électeurs n'ont pas accepté qu'il n'y participe pas. Le deuxième facteur, c'est, de toute évidence, l'absence d'Emmanuel Macron qui n'a pas riposté au torrent d'attaques contre lui, et a préféré adopter des mesures fiscales en faveur de ses concitoyens, mais qui ont été aussitôt rangés dans les dispositions de type électoraliste.
Macron doit réagir
Il est donc urgent que M. Macron, bon orateur, fasse une campagne, ou ce qu'il en reste, pour dénoncer les mensonges et fake news proférés par ses adversaires. Il dispose d'un bilan relativement bon, sinon étincelant, et doit montrer que, face à l'ascension de Jean-Luc Mélenchon (qui se voit déjà au second tour) et de Marine Le Pen, il continue à apparaître comme l'unique rempart contre les partis extrémistes. Ce qui tue les partis dits « progressistes », c'est l'abstentionnisme qui, selon les spécialistes, pourrait attendre son plus haut niveau pour une élection présidentielle : 30 %. Mme Le Pen lance tous les jours un appel aux électeurs pour qu'ils se rendent massivement aux urnes. Elle a raison : on ne peut pas gouverner sans avoir un socle électoral, d'autant que les laissés-pour-compte n'hésiteront pas, au terme du second tour, à remettre en cause la légitimité de l'élu(e).
C'est, d'une façon générale, la droite classique représentée par Les Républicains, qui s'est efforcée, ces derniers jours, de démolir la bonne forme de Macron en disant que, moins il ferait campagne, moins il serait légitime en tant que président. C'est une argumentation cousue de fil blanc, perverse et dictée par le désespoir, Valérie Pécresse n'ayant, à 10 %, aucune chance de franchir le cap du second tour. Les élections générales, cette année, entraîneront la chute et la réforme du PS, de LR et des écologistes. Mme Hidalgo, Mme Pécresse et M. Jadot n'ont pas manqué d'arrogance quand ils ont décrit des programmes qu'ils n'avaient aucune chance d'appliquer, alors qu'ils ont consacré une bonne partie de leur temps à couvrir Macron d'immondices.
À cet égard, ils ont pris une grave responsabilité, en ajoutant leurs critiques à celles des trois partis extrémistes, qui, en réalité, étaient leurs adversaires prioritaires. Ce faisant, ils ont aggravé leur propre situation, avec une perte sensible d'électeurs passés à l'ennemi. Ils les auraient retenus s'ils avaient dénoncé plutôt le danger que l'extrême droite et l'extrême gauche font courir à la France. Au terme de leur offensive contre Macron, il apparaît non pas comme un homme à lâcher, mais comme l'unique barrière contre la démagogie. Si l'adversaire de Macron est battu(e) au second tour, ce ne sera pas grâce au PS, à LR ou aux écolos, mais bel et bien grâce au président de la République.
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