Le choix des votants ne doit pas être dicté par la seule personnalité du candidat, mais son programme et son respect des institutions. Les plus conformes à cette définition ne sont pas nécessairement ceux qui ont les meilleures chances, mais il y en a assez pour que le choix soit possible. À droite, par exemple, Valérie Pécresse et Michel Barnier sont connus pour ne pas se livrer à la provocation ou au délire verbal. On ajouterait à ce début de liste le nom de Xavier Bertrand si on ne percevait pas, dans sa stratégie du cavalier seul, la souche sombre de l'autoritarisme peu disposé à jouer collectif.
Mais au moins peut-on reconnaître en lui son expérience d'ancien ministre, de président des Hauts-de-France, tout en se gardant d'évoquer son parcours académique qui constituerait un atout sous le prétexte qu'il n'est pas passé par l'ENA. À gauche, Anne Hidalgo, encensée par les siens, fait campagne dans un silence étrange, ce qui lui évite de trop évoquer son action en tant que maire de Paris. Elle aurait une bonne chance si elle était sûre de rassembler toute la gauche et encore n'est-elle pas certaine de réunir assez d'électeurs pour franchir le cap du premier tour. On se demande aussi ce qui l'incite à ne jamais se revendiquer de celui qui l'a faite, son prédécesseur Bertrand Delanoe, qui continue à lui faire de l'ombre bien qu'il se soit retiré de la politique. Les combats conduits ensemble ne forgent pas les amitiés les plus durables.
Écologie et gestion
Jamais le monde, jamais la France n'ont eu autant besoin d'un programme sérieux de lutte contre le réchauffement climatique ; mais de même qu'il n'est pas indispensable d'être Vert pour faire de l'écologie, de même la dimension socio-économique des Verts contient deux éléments négatifs : l'écologie autoritaire et la gestion désordonnée. Avec la primaire d'EELV, on s'achemine vers l'investiture probable de Sandrine Rousseau qui assume son radicalisme, prononce le mot, de sorte que, si elle est élue, elle appliquera ses dogmes sans réserves, pour autant qu'elle l'emporte à la fin de la course.
Le phénomène le moins commenté de ces derniers jours est cet espoir, du côté d'Emmanuel Macron, de mettre en place une « maison commune » qui rassemblerait tous les mouvements satellites soutenant la majorité présidentielle. Le président en a bien besoin après un mandat particulièrement difficile et enfiévré. On admettra, à ce sujet, que François Bayrou, qui lui apporte toutes ses forces, ne lui en veut nullement de ne pas avoir adopté la proportionnelle. M. Macron a bien sûr raison, qui ne souhaite pas voir arriver à l'Assemblée nationale des bataillons de lepénistes et de mélenchonistes voués à le priver de majorité et à cohabiter avec lui. Peut-être la maison commune, si elle prend forme, séduira-t-elle Édouard Philippe, jamais encarté à la République en marche et qui se situe désormais au-delà de la droite LR.
Un candidat démocrate est celui qui abhorre le culte de la personnalité, qui aura compris que la réforme est une nécessité permanente, et que, si la dépense a été inéluctable parce qu'il fallait lutter contre les conséquences catastrophiques de la pandémie, le retour aux grands équilibres est lui aussi indispensable. Contrairement à ce qui se dit sur les tréteaux, le changement adopté quand le Covid faisait encore des ravages, l'annihilation des dogmes maastrichtiens était la meilleure solution, tellement la meilleure que la très conservatrice Allemagne s'est ralliée au projet. Le changement, la flexibilité de la pensée politique, l'agilité dans l'action et la réaction, la lutte contre la démagogie et le populisme forment déjà un cahier des charges bien pesant. Nous avons le choix, en 2022, entre l'aventure nationaliste et l'avenir européen.
Non seulement, l'électorat ne doit pas se tromper, mais il aurait tort de ne se fier qu'à la prestance du candidat ou de la candidate. Il faut à ceux-ci de l'expérience, de l'énergie et une description du paysage français qui ne traduise pas la sinistrose ambiante.
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