L’OSTÉOPOROSE, c’est bien connu, expose en premier lieu au risque de fracture (après 50 ans, une femme sur deux fera une fracture au cours de sa vie), mais aussi à la récidive par une autre fracture : une fracture de hanche par exemple, expose à un risque multiplié par deux de nouvelle fracture de hanche.
« Toutes les données épidémiologiques disponibles à l’heure actuelle confirment que le risque de fracture, tous types confondus (fractures vertébrales ou périphériques) est plus élevé chez les personnes ayant déjà subi une fracture. Ce risque est surtout très important dans les trois ans qui suivent la survenue de la première fracture », précise le Pr Christian Roux (hôpital Cochin, Paris).
« Les études montrent également que les patientes qui ont fait une fracture vertébrale ont un impact significatif de cette pathologie sur tous les critères de qualité de vie aussi bien psychologiques, physiques que sociaux. »
L’ostéoporose occasionne douleur, perte de mouvement et incapacité à réaliser des tâches quotidiennes…
La première fracture est donc un signe précurseur à prendre au sérieux. Pourtant l’adhésion des patientes au traitement (si elles sont diagnostiquées et traitées, ce qui est loin d’être la majorité des cas…) est faible.
Elles connaissent le risque, vivent avec cette épée de Damoclès et, pour autant, elles ne sont pas observantes au traitement.
« Ce paradoxe est lié au fait que les fractures normalement se consolident c’est-à-dire que la douleur liée à la fracture vertébrale ou le handicap lié à la fracture périphérique vont être transitoires puisque la douleur finit par disparaître et que le handicap va être opéré. L’événement fracturaire guérit de façon quasi-systématique. La douleur chronique ne subsiste que si la fracture survient chez un sujet arthrosique, en cas de plusieurs fractures… Donc cette épée de Damoclès, les patients la perçoivent de façon immédiate et ensuite, ils n’y pensent plus... et pourtant elle est toujours là », poursuit le Pr Christian Roux.
Un parallèle avec l’AIT et l’AVC.
« On peut faire le parallèle avec l’accident ischémique transitoire. L’AIT guérit rapidement et sans séquelles et pourtant il expose à un très haut risque d’événements vasculaires plus graves. De même, les fractures vertébrales ou périphériques vont guérir, mais elles exposent à un risque, quelques années plus tard, de faire une fracture de l’extrémité supérieure du fémur. »
L’épée de Damoclès pour certains patients est constante : peur de tomber, peur de se refracturer, peur d’avoir mal…mais pour beaucoup, lorsque l’événement est guéri, ils l’oublient et ne sont pas très observants au traitement et récidivent…
Ne pas générer d’angoisse inutile.
Il faut par ailleurs, veiller au risque d’angoisse qui pourrait être déclenché par des résultats d’ostéodensitométrie, montrant une densité osseuse basse, mal ou non interprétés.
« Des messages alarmistes peuvent transformer une personne saine en une personne malade, angoissée et altérer sa qualité de vie alors qu’elle n’a qu’un risque faible de fracture… Les chiffres d’ostéodensitométrie ne peuvent pas être interprétés en dehors du contexte clinique et sans connaître les autres facteurs de risque : antécédent familial (au 1er degré) de fracture du col fémoral, indice de masse corporel (< 19), ménopause précoce (< 40 ans), antécédent de traitement corticoïde prolongé… », souligne le Pr Christian Roux.
Il faut donc bien informer les patients, dialoguer avec eux afin d’aborder leurs inquiétudes, améliorer la gestion de leur ostéoporose et préserver leur qualité de vie. La prise en charge de l’ostéoporose vise à prévenir la survenue de la première fracture ou bien de fractures en cascade après une fracture inaugurale et par voie de conséquence, des complications éventuelles qui en résultent. Tous les traitements disponibles ont fait la preuve de leur efficacité. Ils diminuent environ de moitié de risque de fractures. Tous imposent une prise prolongée (cinq ans avant une réévaluation).
Importance des mesures non pharmacologiques
Comme dans toute maladie chronique, le traitement non pharmacologique est très important et participe très largement à l’amélioration de la qualité de vie.
Il repose sur la rééducation, l’apprentissage de la marche, la remusculation des membres supérieurs et inférieurs… Les exercices améliorent la posture et l’équilibre et contribuent à éviter les chutes.
« La peur de tomber est un élément constant chez les sujets âgés ostéoporotiques et ne pas bouger peut entraîner la catastrophe. En effet, moins l’on bouge et plus les conséquences des chutes sont graves.
Il faut trouver un juste équilibre et inciter le patient à maintenir une activité physique régulière en charge (marche) adaptée à son état de santé », explique le Pr Christian Roux.
L’évaluation du risque de chute doit être systématique chez les sujets les plus fragiles, basée sur la recherche des facteurs de risque (analyse de la marche et de l’équilibre, évaluation de l’environnement, suppression des obstacles, élimination des surfaces glissantes…)
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