Les affections rhumatologiques sont responsables en France de la majorité des prescriptions de cures thermales. L’arthrose, la lombalgie chronique et la fibromyalgie sont les affections les plus concernées. Elles ont aussi été les plus étudiées comme le confirme une revue de la littérature réalisée récemment par le Dr Romain Forestier (médecin thermal à Aix-les-Bains). Il a répertorié près de 50 essais pour l’arthrose au premier rang desquels la gonarthrose, 26 pour les lombalgies chroniques et 23 pour les fibromyalgies.
La gonarthrose a également fait l’objet d’une revue internationale publiée dans les Annals of Physical and Rehabilitation Medicine (2016). Ce travail qui incluait 2 essais français (600 patients) a fait état de la bonne qualité méthodologique de la plupart des études et de l’efficacité des cures thermales sur la douleur et l’incapacité fonctionnelle pendant une période allant de 3 à 6 mois. Les résultats semblent plus mitigés quant à l’amélioration de la qualité de vie et la diminution de la consommation médicamenteuse. Pour le Pr Emmanuel Coudeyre (chef de service de médecine physique et de réadaptation au CHU de Clermont-Ferrand), « la cure thermale qui associe en général des techniques actives (mobilisation en piscine) et sédatives (douches sous affusion, bains bouillonnants, massages, application de boues) reste une orientation pertinente dans l’arthrose car en cohérence avec les recommandations officielles qui priorisent les traitements non pharmacologiques (activité physique, auto-gestion de la maladie, orthèse). Elle pourrait aussi être une réponse adaptée à l’arthrose digitale, précise-t-il, une affection particulièrement handicapante et dont la prise en charge médicale est peu satisfaisante ». Les soins thermaux sembleraient soulager la douleur, améliorer la force de préhension et diminuer le gonflement articulaire comme en témoignent certains travaux.
Les résultats des essais menés dans les lombalgies communes chroniques n’ont pas été à la hauteur des attentes des scientifiques du fait de certaines limites méthodologiques et de résultats hétérogènes qu’il faut donc considérer avec prudence. La recherche thermale se poursuit dans cette pathologie qui altère la qualité de vie des patients et est source de nombreuses croyances erronées favorisant la chronicisation des douleurs. « La cure thermale va permettre de rétablir les vérités », souligne le Pr François Rannou, chef de service de rééducation et réadaptation de l’appareil locomoteur et des pathologies du rachis (APHP) à l'hôpital Cochin de Paris). Et de rappeler aussi toute la difficulté des essais cliniques dans le thermalisme en général et dans le domaine de la rhumatologie en particulier car un nombre important de paramètres peut contribuer à l’effet thérapeutique (environnement favorable, encadrement du patient, soins, éducation thérapeutique, repos, découverte touristique, activités physiques, etc.). Une nouvelle étude sur les lombalgies chroniques, appuyée par l’AFRETh, dont la méthodologie a été « revisitée » est en cours de démarrage dans plusieurs centres français.
Les tendinopathies chroniques de l’épaule pourraient bientôt rejoindre la liste des indications pertinentes des cures thermales en rhumatologie en raison des résultats très convaincants d’une étude menée récemment à Nancy et qui a été soutenue par l’AFRETh.
Projet d’un Institut universitaire de médecine thermale
Un projet d’élaboration de recommandations sur les bonnes pratiques cliniques du thermalisme en rhumatologie est en cours de préparation à partir des données des études cliniques publiées dans la littérature internationale. « Des recommandations qui seront proposées par des médecins thermaux et des enseignants en rhumatologie puis validées par un panel de médecins thermaux et de médecins libéraux », explique le Dr Forestier. La création d’un Institut universitaire de médecine thermale dans la région Rhône-Alpes témoigne aussi du dynamisme de la profession en général et de la section rhumatologie en particulier. « Cette initiative a pour objectif, précise le Dr Forestier, de proposer des cours, des enseignements, des diaporamas aux étudiants en médecine et aux praticiens qui seraient intéressés par le thermalisme ». Une initiative non négligeable face au nombre limité de facultés de médecine qui enseigne le thermalisme.
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