LA BPCO est une maladie respiratoire chronique caractérisée par une obstruction permanente et progressive des voies aériennes. Sa cause la plus fréquente est le tabagisme, mais certains cas sont liés à des expositions professionnelles. Comme le rappellent les recommandations de la Société de pneumologie de langue Française, la BPCO est la maladie respiratoire chronique dont le poids sur la santé publique est le plus grand par sa morbidité, sa mortalité et les dépenses de santé qu’elle induit (1). Elles constituent une source majeure de handicap par la dyspnée, la limitation d’activité, les exacerbations, le risque d’insuffisance respiratoire chronique, les manifestations extra-respiratoires qui lui sont associés.
Les manifestations de la BPCO sont accessibles à des traitements efficaces. Certains sont non médicamenteux, comme l’aide au sevrage tabagique, les conseils d’hygiène de vie et d’activité physique, la réhabilitation respiratoire. Sur le plan médicamenteux, les bronchodilatateurs représentent la première ligne et peuvent être associés à des corticostéroïdes inhalés selon des indications précises.
Programme de soins personnalisé.
Le retentissement de la BPCO devrait croître dans les années à venir. Cette pathologie deviendra la 4e cause de mortalité en 2030 et la 5e cause de handicap en 2020. Les femmes sont de plus en plus atteintes, et les malades sont de plus en plus jeunes, en raison de l’évolution des habitudes tabagiques dans la société.
Le retentissement croissant de la BPCO et sa méconnaissance dans la population générale, voire parfois chez les professionnels de santé, ont rendu nécessaire la réalisation d’un document destiné à faciliter la coordination de sa prise en charge entre les différents professionnels et l’élaboration d’un programme de soins personnalisé pour chacun d’entre eux (2).
L’Agence Nationale d’Accréditation et d’Evaluation en Santé précisait dès l’année 2000 que « l’information donnée par le médecin au patient est destinée à l’éclairer sur son état de santé, à lui décrire la nature et le déroulement des soins et à lui fournir les éléments lui permettant de prendre des décisions en connaissance de cause ». L’information hiérarchisée, synthétique et compréhensible du Carnet de Suivi BPCO élaboré par la Société de Pneumologie de Langue Française s’inscrit dans cette recommandation.
Il fournit de premières explications sur la pathologie puis explore huit situations de vie quotidienne, le tabac, l’exercice physique, l’alimentation, le moral, la grippe et les infections respiratoires, la vie sexuelle, les voyages en avion.
Le carnet introduit également la notion de plan de soins, le patient étant conduit à distinguer la prise en charge régulière et les soins urgents, tout en précisant que de multiples professionnels de santé peuvent être impliqués : non seulement le médecin traitant et le pneumologue, mais aussi le tabacologue, le médecin du travail, la diététicienne ou le médecin nutritionniste, le cardiologue, le rhumatologue, le psychiatre ou le psychologue, le pharmacien, le dentiste, le kinésithérapeute, l’infirmière…
Les examens complémentaires, les évaluations individuelles et les traitements sont expliqués. Une fiche « Mes contacts » a pour objectif de rassembler les adresses des professionnels de santé impliqués autour du patient.
En cas d’aggravation.
Des fiches médicaments, tabac, essoufflement, etc. peuvent être remplies à domicile et servir de point de départ à un échange avec les professionnels de santé pour que le patient se fixe des objectifs personnels. Enfin, une fiche « plan d’action BPCO », adaptée des recommandations en vigueur, résume la conduite à tenir en cas d’aggravation aiguë et permet de recenser les traitements (antibiotiques, corticoïdes oraux) pris pour des exacerbations, fournissant un outil utile d’évaluation de l’impact de la maladie sur ce plan.
Au-delà de l’information et du « guidage », un objectif majeur de ce carnet est donc de favoriser la communication entre le patient, son entourage, les professionnels de santé. Le médecin ne doit pas se borner à le remettre, il doit en expliquer l’usage et conseiller au patient de s’en munir à chaque visite à un professionnel de santé concernant sa BPCO. Ainsi, chacun pourra répondre à ses questions et discuter avec lui des données qu’il aura renseignées sur son état. Le patient pourra aussi y colliger ses compte-rendus de consultations, hospitalisations et explorations, ainsi que ses ordonnances et rendez-vous, facilitant les échanges d’informations entre professionnels. Un petit guide pour les médecins et une plaquette pour les malades sont en préparation pour expliquer ce mode d’utilisation. Ils prennent toute leur importance compte-tenu de la diffusion large du carnet (plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires), et de son utilité potentielle dans le parcours de soins des malades.
(1) Recommandations de la Société de Pneumologie de Langue Française sur la prise en charge de la BPCO (mise à jour 2009). Texte long. Rev Mal Respir 2010;27:522–48.
(2) Jebrak G, et coll. Recommandations et prise en charge de la BPCO en France : les recommandations sur la prise en charge de la BPCO ne sont pas suivies dans la vraie vie ! Rev Mal Respir 2010;27:11-8.
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