Résistance des germes communautaires

Un bilan mitigé

Publié le 15/06/2015
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Pour le pneumocoque, l’évolution la plus positive est la disparition depuis 2012 des souches de S. pneumoniae de sensibilité diminuée aux céphalosporines de 3e génération (C3G) dans les méningites (contre 5 à 10 % auparavant). Dans les otites moyennes aiguës, le taux de S. pneumoniae de sensibilité diminuée aux bêtalactamines (au niveau du nasopharynx) connaît une diminution constante depuis des années, qui s’est encore accentuée depuis l’introduction du vaccin Prevenar 13 : il était de 35 % en 2013 contre 35 % avant 2010, année de l’introduction du vaccin. La vigilance reste toutefois de mise et l’émergence de sérotypes de S. pneumoniae de sensibilité diminuée aux bêtalactamines reste possible.

Autre motif de satisfaction : la diminution constante en France depuis plus de 10 ans du taux de S. aureus résistant à la méticilline (SARM) isolé d’infections invasives à l’hôpital (29 % en 2003, 17 % en 2013). Toutefois, parallèlement, on assiste à l’émergence de clones de SARM responsables d’infections communautaires Ainsi, sur les dix dernières années à l’hôpital Robert les taux de SARM isolé d’infections communautaires et d’infections hospitalières étaient équivalents, se situant l’un et l’autre à 8,33 %. On est donc là très proche du seuil de 10 % susceptible de modifier l’antibiothérapie probabiliste des infections à S. aureus.

Entérobactéries BLSE de nouveau en hausse

Pour les entérobactéries, l’évolution de la résistance aux C3G liée le plus souvent à la présence d’une bêtalactamase à spectre étendu (BLSE) est en revanche préoccupante. Ainsi au nouveau communautaire, le taux de portage digestif des entérobactérie BLSE après avoir amorcé une décroissance entre 2011 (6,9 %) et 2013 (7,4 %) est repartie à la hausse en 2014 (9,8 %). Ce taux de portage est essentiellement lié à l’espèce E. Coli. Il a pu être établi que plus d’un tiers de ces souches d’E. coli appartiennent à un clone particulier dit ST131 caractérisé par son aptitude particulière à coloniser le tube digestif. Heureusement ces E. coli BLSE ont pour l’instant une faible pathogénicité, la plupart sont dépourvues des facteurs de pathogénicité impliqués dans la virulence des E. coli responsables de pyélonéphrite. Toutefois l’acquisition d’une BLSE par un clone de E. coli uropathogène est possible. Ce qui conduirait à modifier la prise en charge des infections urinaires de l’enfant.

D’après la communication du Pr Stéphane Bonacorsi, hôpital Robert Debré, Paris

Source : Le Quotidien du Médecin: 9420