« 90 % des cancers du poumon sont liés au tabac. Ce cancer est en nette progression, notamment chez la femme », rappelle le Dr Anne-Laurence Le Faou, responsable du centre ambulatoire d’addictologie (Hôpital Européen Georges Pompidou, à Paris) et présidente de la Société francophone de tabacologie*. Le risque de développer un cancer du poumon ne dépend pas seulement du nombre de cigarettes fumées, mais surtout du nombre d'années d'exposition au tabac. Ce risque augmente également en fonction de l'âge du début de consommation de tabac. « Cela est particulièrement préoccupant car si nous constatons que l'âge de la première cigarette fumée recule légèrement, le délai entre l'expérimentation et le tabagisme quotidien s'est raccourci (ce délai est de moins d'un an contre deux ans, il y a une dizaine d'années). Nous observons ainsi, de plus en plus de cancers liés au tabac chez les trentenaires, notamment chez la femme », déplore le Dr Le Faou.
Cancers, pathologies cardiovasculaires et pulmonaires
Outre le cancer du poumon, de plus en plus de cancers ont été identifiés comme étant liés au tabagisme. C'est notamment le cas des cancers des voies aérodigestives supérieures (bouche, pharynx, larynx) et de l'œsophage. « Le tabagisme entraîne, par ailleurs, un surrisque en matière de survenue de cancers de la vessie, du sein, du col de l'utérus, du pancréas et de leucémies aiguës myéloïdes », note le Dr Le Faou. Les pathologies cardiovasculaires liées au tabac sont, quant à elles, nombreuses : coronaropathies, artérites, AVC, mort subite, insuffisance cardiaque, anévrisme de l'aorte abdominale… « Le tabagisme est aussi la cause principale de l'infarctus chez les moins de 50 ans. Concernant les maladies cardiovasculaires, le message positif est que le risque de survenue de ces maladies disparaît rapidement après l'arrêt du tabac », affirme le Dr Le Faou. La fumée de tabac contient également des irritants responsables de pathologies pulmonaires : infections respiratoires, décompensation d'asthme et BPCO (complication respiratoire la plus fréquente chez le fumeur).
Accompagner l'arrêt du tabac
Concernant le sevrage du tabac, la pharmacothérapie doit être combinée au soutien comportemental. Les substituts nicotiniques remboursés par l'Assurance Maladie sont les traitements de première intention pour l'arrêt du tabac. Différentes formes sont aujourd’hui disponibles : les formes buccales (spray, gommes, pastilles à sucer) qui répondent rapidement au « craving » et les formes transdermiques qui répondent au syndrome de sevrage. L'association des deux formes de substituts augmente le taux d'arrêt à 6 mois. « La varénicline remboursée elle aussi et plus rarement, le bupropion peuvent aussi être utilisés en seconde intention. 50 % des fumeurs déclarent vouloir arrêter de fumer sans aide. Surtout, les médecins devraient être mieux formés à la prescription des traitements du sevrage tabagique. Ils doivent s'adapter à chaque patient et les orienter vers un addictologue et/ou un tabacologue, si nécessaire. Enfin, il faut déculpabiliser les patients et les informer du fait, qu'en moyenne, 4 tentatives d'arrêt sont nécessaires avant de pouvoir se sevrer définitivement du tabac », conclut le Dr Le Faou.
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