En France, la BPCO engendre, chaque année, 18 000 morts, soit 5,5 fois plus que pour les accidents de la route. Cette pathologie induit aussi 100 000 hospitalisations par an d’une durée moyenne de 8 à 9 jours. Quant au coût de santé (3,5 milliards d’euros par an), il n’est pas négligeable. Face à ce problème de santé publique, le rôle du médecin généraliste est essentiel.
Un interrogatoire minutieux des patients doit, tout d’abord, lui permettre de déceler d’éventuels facteurs de risque tels que le tabagisme, les expositions professionnelles ou environnementales. « Le tabagisme est la première cause de BPCO (85 %). Certaines professions (travail à la mine, dans le BTP, l’industrie textile ou agricole) sont également connues pour exposer les personnes au risque de BPCO. La pollution atmosphérique - en particulier, due aux particules diesel - peut induire ou aggraver certaines pathologies respiratoires telles que l’asthme ou la BPCO », souligne le Dr Frédéric Le Guillou, pneumologue, président de l’association BPCO*.
Les médecins généralistes peuvent réaliser une mini spirométrie pour affiner l’interrogatoire. L’utilisation de cet outil qui permet de mesurer les débits pulmonaires du patient ne peut, toutefois, être improvisé. « Des formations à la pratique de la spirométrie - dédiées au médecin généraliste - sont réalisées par la société de pneumologie de langue française et également, mises en place dans le cadre du DPC (formations validantes). Pour mieux détecter les patients à risque de BPCO, le généraliste peut, en outre, utiliser des outils standardisés tels que le questionnaire d’autoévaluation GOLD », note le Dr Le Guillou.
Détecter et orienter le patient vers le pneumologue
Chronophage, l’examen par mini-spirométrie nécessite trois mesures successives de la fonction pulmonaire du patient et donc, une consultation longue. Le médecin généraliste n’a pas toujours le temps pour se former à la spirométrie, ni de l’utiliser lors de ses consultations. « Dans ce cas, il peut adresser le patient au pneumologue de proximité, spécialiste de premier recours, qui examinera le patient et établira le diagnostic. Quoi qu’il en soit, une fois que le généraliste a repéré un patient à risque de BPCO, le diagnostic final doit toujours revenir au pneumologue qui procédera à une évaluation de la pathologie, avec une mesure complète du souffle (épreuve fonctionnelle respiratoire avec pléthysmographie qui permet la mesure des débits bronchiques et des volumes pulmonaires) et au repérage d’éventuelles comorbidités », confie le Dr le Guillou.
Par ailleurs, le médecin généraliste n’est pas le seul praticien à pouvoir repérer la BPCO : les cardiologues, les médecins du travail et les pharmaciens ont également un rôle à jouer en la matière. « Dans la mesure où la BPCO se traite, dans la très grande majorité des cas en ambulatoire, le rôle de ces praticiens - en particulier, du généraliste - dans la prévention et le repérage des patients doit prendre de l’ampleur. Or, alors que la ministre de la Santé a choisi de faire de la prévention un axe phare de la future loi de santé, la BPCO a malheureusement été oubliée de cette politique de prévention », conclut le Dr le Guillou.
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