Selon les études, entre 16 et 20 % des enfants sont en surpoids, dont 3 à 4 % d’obèses, avec des différences marquées entre les catégories socio-professionnelles (de 8,8 % pour les cadres, libéraux, etc., à plus de 20 % pour les ouvriers ou les chômeurs).
Le repérage précoce est possible si l’on mesure et pèse l’enfant à chaque consultation... et que l’on reporte effectivement le résultat de l’Indice de Masse Corporelle (poids que divise la taille au carré) sur la courbe de corpulence* figurant dans le carnet de santé. Tout dérapage ou franchissement de la zone de corpulence normale, au-delà du 97e percentile, peut ainsi être pointé.
Rebond d’adiposité à 6 ans
La période la plus sensible, charnière, est celle du rebond d’adiposité qui se fait physiologiquement vers 6 ans, où un enfant de corpulence normale paraît mince ; un rebond trop précoce, par exemple dès 3 ans, peut être identifié rapidement si l’IMC est calculé à toutes les occasions de consultation comme le préconise la Haute Autorité de Santé (HAS)*, idéalement deux fois par an… un rythme qui est souvent éloigné de la pratique. Les deux points d’IMC nécessaires et suffisants pour l’interprétation de la trajectoire (à 3-4 ans et 5-6 ans) sont utilement complétés par le calcul de l’IMC à 9 mois et 2 ans par exemple. « Le médecin doit en tout cas s’intéresser à la corpulence de l’enfant avant que celui-ci ne paraisse gros », souligne le Dr Thibault.
La prise en charge ? Complexe, et elle l’est d’autant plus que l’enfant est repéré tardivement. A contrario, les chances de normaliser la corpulence sont plus grandes quand le problème du surpoids a été soulevé tôt… Les situations sont extrêmement différentes, de simples ajustements alimentaires et d’hygiène de vie, à la prise en charge d’un enfant de 100 kg, lesté de surcroît de difficultés psychologiques et sociales. « Les conditions socio-économiques, la corpulence des parents et le surpoids de l’enfant sont liés », indique-t-elle.
Le rôle du médecin traitant
C’est au médecin traitant que revient naturellement le suivi de ces enfants, sur au moins deux ans, selon les recommandations de la HAS, puisqu’il a l’occasion de voir régulièrement l’enfant et de veiller avec lui et ses parents à la compréhension et à la mise en place des bonnes pratiques alimentaires, d’activité physique et de juger de l’intérêt d’un accompagnement diététique et/ou psychologique. « Pour obtenir un changement durable, souligne-t-elle, il convient d’associer la famille au projet et aux objectifs, valoriser les points positifs, identifier les perfectibles, proposer des solutions sur mesure, aux grignoteurs par exemple, invités à prendre un vrai goûter (pain et chocolat), ou service à l’assiette pour les gros mangeurs ». Le changement doit se faire en famille, pour ne pas isoler l’enfant. Les régimes sont déconseillés, aucun aliment n’est interdit, seules comptent la fréquence de consommation et les quantités…
Enfin, le médecin traitant peut aussi faire appel à un réseau REPPOP s’il existe en cas de situation complexe, ou s’il souhaite avoir pour son jeune patient accès à une consultation diététique et/ou psychologique (cf. encadré).
* Courbes de corpulence, http://www.ameli.fr/fileadmin/user_upload/documents/surpoids_courbe_cor…; HAS, www.has-sante.fr
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