« LES NOUVEAUX apports nutritionnels conseillés (ANC) français, qui prennent en compte certaines caractéristiques nationales, sont des recommandations destinées aux professionnels de santé » a précisé le Pr Ambroise Martin (Lyon). Elles apparaissent cohérentes avec les Dietary Reference Values (DRV), élaborées par l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA). En effet, il n’est pas toujours facile d’harmoniser des recommandations nationales avec d’autres, européennes ou internationales, alors même qu’elles sont issues de données scientifiques internationales identiques, du fait de l’existence de différences culturelles. Les recommandations destinées aux patients, elles, sont essentiellement alimentaires ; les nutriments ne constituant qu’une aide dans le choix des aliments ayant le meilleur profil nutritionnel dans une catégorie donnée.
Chez les adultes, les ANC pour les acides gras proposaient une fourchette d’apport pour les acides gras totaux, et des valeurs pour l’acide linoléique, l’acide alphalinolénique (ALA), l’ensemble des acides gras polyinsaturés à longue chaîne, ainsi que l’acide docosahexaénoïque (DHA). Les données scientifiques acquises depuis 2001 avaient amené les experts à s’interroger sur la nécessité de : définir une recommandation pour l’acide eicosapentaénoïque (EPA), réévaluer la recommandation pour le DHA et définir une recommandation faisant la somme des deux ; réévaluer la recommandation pour l’acide linoléique ; réévaluer la part des acides gras saturés totaux dans l’apport énergétique et la nécessité de distinguer des recommandations pour différents acides gras saturés. Le groupe de travail « Actualisation des ANC en acides gras » a donc considéré les principaux acides gras, y compris ceux que l’homme peut synthétiser, car ils ont tous une fonction biologique. L’ANC est une valeur de référence qui couvre les besoins physiologiques de la quasi-totalité de la population. Elle concerne un individu en bonne santé et a pour objectif de la maintenir. Pour les acides gras « indispensables », les ANC ont été fixés après estimation du besoin physiologique minimal, définition du besoin physiologique optimal, intégration et synthèse de considérations physiologiques et physiopathologiques. Pour les acides gras « non indispensables », les ANC ont été établis à partir de considérations physiopathologiques. Le groupe de travail a intégré tous les types d’études réalisées : in vitro, in vivo, chez l’animal, chez l’homme, ainsi que des études épidémiologiques d’intervention.
Les apports nutritionnels conseillés en acides gras chez l’adulte.
Les ANC en acides gras ont été établis pour un sujet adulte, homme ou femme, pour un apport énergétique de 2000 kcal. Un apport en lipides totaux de 35 % à 40 % de l’apport énergétique est conseillé. « La classification biochimique des acides gras « polyinsaturés, mono-insaturés et saturés » a été abandonnée au profit d’une classification en acides gras indispensables et non indispensables » a expliqué le Pr Philippe Legrand (Rennes). Les ANC ont été définis pour trois acides gras indispensables : acide linoléique, ALA et l’un de ses dérivés, le DHA. Ils sont de 4 % de l’apport énergétique pour l’acide linoléique, 1 % de l’apport énergétique pour l’ALA et de 250 mg/jour pour le DHA. Pour les acides gras non indispensables, (qui regroupent l’EPA, les « acides laurique, myristique et palmitique », les acides gras saturés totaux, l’acide oléique et les autres acides gras non indispensables), les ANC sont de : 250 mg/jour pour l’EPA. Ils doivent être < 8 % pour le sous-groupe des acides gras saturés considérés comme athérogènes « acides laurique, myristique et palmitique » ; < 12 % pour les autres acides gras saturés, et compris entre 15 % et 20 % pour l’acide oléique. Enfin, ils n’ont pas été définis pour les autres acides gras non indispensables, un groupe d’acides gras consommés en faible quantité.
Session d’actualité en nutrition, présidée par le Pr Ambroise Martin (Université Claude-Bernard, Lyon), avec la participation des Prs Philippe Legrand (Agrocampus, Rennes), président du groupe de travail « Actualisation des ANC en acides gras » et Philippe Guesnet (Dijon), l’un des participants.
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