Focus sur les lésions cutanées

Il faut laver les nourrissons

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Publié le 03/04/2020
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Contrairement à une croyance largement répandue, il n’y a pas de raison de moins laver les nouveau-nés que le reste de la population. Une toilette quotidienne (bain ou douche) à l’eau et avec un produit lavant, corps entier y compris le visage, est donc recommandée.
Une toilette quotidienne est recommandée

Une toilette quotidienne est recommandée
Crédit photo : Phanie

Le lavage à l’eau et au produit nettoyant doux est le premier traitement de la pustulose céphalique bénigne, fréquemment appelée acné du nourrisson, atteinte cutanée survenant entre la troisième et la huitième semaine de vie. Cette dermatose, qui se manifeste par des papules érythémateuses et des pustules sur le visage, est liée à la prolifération de Malassezia furfur, et est favorisée par des lavages trop espacés. C’est également le premier traitement des croûtes de lait. « Il ne faut pas hésiter à savonner le cuir chevelu du nouveau-né tous les jours, si besoin après avoir décollé les croûtes par l’application d’un produit gras tel que la vaseline », indique la Dr Olivia Boccara.

Pour éviter les surinfections

La stratégie est la même en cas de dermite du siège, elle aussi quasi-systématique dès lors que la peau est en contact avec les excréments. Dans l’attente de l’acquisition de la propreté, seul traitement étiologique de l’érythème fessier, il faut maintenir la meilleure hygiène possible, avec des soins compatibles avec la vie quotidienne. « Il faut faire un lavage quotidien à l’eau et au savon doux, et lors des changes utiliser des produits non irritants, en évitant notamment les lingettes qui ne se rincent pas », indique la Dr Boccara, qui reconnaît qu’il n’y a pas de produit miracle, mais qu’il faut trouver le bon équilibre entre sécheresse/irritation et colonisation cutanée.

Le lavage des lésions à l’eau et au savon doux doit aussi être le premier geste en cas de varicelle, où le risque de surinfection à staphylocoque doré est élevé.

Ces différentes dermatoses peuvent en effet s’impétiginiser et nécessiter le recours, après un lavage et un séchage minutieux, à une antibiothérapie locale, voire générale. Il faut alors revoir l’enfant après trois à quatre jours de traitement afin de s’assurer de l’évolution favorable de l’infection.

Autre pathologie fréquente chez le nourrisson : la dermatite atopique, maladie bénigne pour laquelle il n’y a pas de traitement curatif. « Elle évolue par poussées, ce qui doit bien être expliqué aux parents et s’améliore le plus souvent spontanément en grandissant », rappelle la Dr Boccara. La peau lésée doit elle aussi être nettoyée, en utilisant préférentiellement une huile lavante ou un syndet (un savon sans savon) et en prenant soin d’appliquer ensuite un émollient pour restaurer le film lipidique. « Des dermocorticoïdes sont utilisés en cas de poussée qui les justifie, en faisant appel à ceux d’activité forte à raison d’une seule application le soir, pour éviter le prurit nocturne », précise la Dr Boccara, qui plaide pour une simplification des procédures : émollient après le bain, puis dermocorticoïdes au coucher quand nécessaires, par exemple.

Lésions vasculaires

Le naevus flammeus, appelé traditionnellement « aigrette » ou « baiser de l’ange », est une lésion bénigne qui disparaît spontanément avant l’âge de deux ans et ne nécessite aucune prise en charge particulière. Il doit être distingué des angiomes plans, qui eux nécessitent une consultation spécialisée, en particulier en cas de localisation fronto-palpébrale (possible association à des lésions neurologiques et ophtalmologiques).

Lésions vasculaires les plus fréquentes, les hémangiomes infantiles régressent toujours, mais de façon lente, en quelques années exposant ainsi à un risque de déformation ou de cicatrice définitives. Un avis spécialisé est de mise dans les localisations à risque de défiguration afin de proposer éventuellement un traitement précoce par propanolol.

D’après un entretien avec la Dr Olivia Boccara, Paris

Dr Isabelle Hoppenot

Source : Le Quotidien du médecin