Quelques minutes de pleurs paraissent insupportables à certains parents, qui n’ont aucune représentation de ce qu’est un tout petit. « Il nous faut dans ce cas comprendre pourquoi ces parents nouveau-nés, confrontés à un vrai bébé, sont si “désadaptés“ », indique le Pr Catherine Jousselme.
Tout pleur qualifié d’excessif doit provoquer une consultation pour repérer la difficulté, expliquer ce qui est normal, attendu. Si un nourrisson n’est pas consolable, pleure quoi qu’on fasse, il convient au préalable d’écarter un certain nombre de raisons, organiques, de malaise, douleur, etc., à l’origine des cris. La toute première, bien sûr, étant la satisfaction de ses besoins biologiques, manger, dormir, être propre ! Une fois ces précautions prises, la façon dont les parents réagissent aux pleurs, ce qu’ils font et ressentent, peut être riche d’enseignements. Quand ils sont perdus, angoissés, ils ne parviennent pas à filtrer les sollicitations angoissantes pour l’enfant et ainsi ne jouent pas leur fonction de « pare-excitation ». Un désarroi qui est parfois lié au bébé lui-même, malade ou grand prématuré, les parents ne sachant pas interpréter les messages de l’enfant, habitué au bruit ou à la lumière en réanimation par exemple.
« De la naissance à 3-4 mois, le bébé se développe en accordage affectif avec ses parents qui trouvent naturellement la bonne façon de le porter, de prendre un son de voix qui atténue la pression de son cri, propose une autre interaction pour que le bébé s’apaise », décrit-elle. Normalement. Mais ce n’est pas toujours le cas, parce qu’ils ne se font pas confiance, ont eu des problèmes avec un premier bébé, etc. Les premiers conseils sont pédiatriques, d’observation de l’occurrence des pleurs : réguliers, prolongés, avant de s’endormir, lorsqu’il a faim, pour manifester un déplaisir, etc. En dehors de situations où ses besoins primaires sont insatisfaits, un bébé pleure, selon Donald Winnicott, lorsqu’il est triste (un sentiment naturel !), s’il lui manque quelque chose, pour montrer son incroyable force de voix ou s’il est inquiet, privé de ses repères habituels. « Toutefois, il ne doit pas tomber dans l’effroi, reflet d’une terrible angoisse, prévient-elle, où l’enfant devient impossible à “rattraper“. » C’est pour cela qu’il n’est pas raisonnable de fixer un temps “autorisé“ de pleurs, tolérable pour l’enfant : ainsi, 10 minutes est une période infiniment longue pour un nouveau-né. « C’est moins la durée des pleurs que leur ressenti qui doit être ici considéré », souligne-t-elle, le ressenti dépendant fondamentalement de l’âge. Cela dit, tous les pleurs, des cris aux larmes, ne sont pas identiques ; il en existe une palette, qui traduisent différents états, la faim, l’endormissement, etc., certains supportables, d’autres inquiétants. Les parents les apprivoisent au fil de leur apprentissage et adaptent leur comportement à la tonalité des pleurs, cris exaspérés de faim ou ah-ah plus doux de bercement…
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