Les collyres aux corticoïdes ne doivent être utilisés en ophtalmologie qu’en cas de kératoconjonctivite lorsque le pronostic visuel est engagé. « S’il n’y a pas d’atteinte cornéenne, insiste le Pr Bruno Mortemousque, il n’y a aucun intérêt à prescrire un corticoïde ». S’il y a prescription, la posologie doit être pluriquotidienne, à doses fortes et pendant une courte durée. Tous les patients traités au long cours par corticoïdes sont à risque de complications oculaires, y compris lorsque ce traitement est pris par voie inhalée. Un surrisque de cataracte et de glaucome existe. La cataracte est sous capsulaire et dépend de la durée du traitement, de la posologie et de la susceptibilité du patient mais ne dépend pas de la puissance du corticoïde. « Un corticoïde faible n’évite pas la cataracte, précise B. Mortemousque et celle-ci peut apparaître même après l’arrêt de la corticothérapie ». Le glaucome fait également partie des complications de l’administration des corticoïdes (1,4 % des glaucomes). Certains sujets sont prédisposés, à savoir les enfants, les jeunes femmes, les sujets mélanodermes, les myopes, les diabétiques et toutes les personnes qui ont des antécédents familiaux d’hypertonie oculaire aux corticoïdes (la composante génétique est bien individualisée). Le délai d’apparition minimale est de trois semaines et la voie locale est quatre fois plus pourvoyeuse de iatrogénicité que la voie générale. Par contre, ici, plus le corticoïde est puissant, plus le risque de glaucome est augmenté. « Souvent, souligne B. Mortemousque, on constate des hypertonies réversibles à l’arrêt du traitement mais malheureusement dans 50 % des cas cette hypertonie se pérennise et des complications apparaissent ». Il est essentiel que les patients sous corticoïdes soient surveillés de près, en particulier après l’âge de 40 ans ; la mesure du tonus oculaire doit être systématique avant et après la mise en route du traitement quelle que soit la voie d’administration et en cas de collyre, mieux vaut utiliser les corticoïdes à faible pénétration oculaire.
Communication du Pr Bruno Mortemousque, service d’ophtalmologie, CHU Rennes
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