LA FINALITÉ de ce travail, prévient d’emblée Marc Mortureux (directeur général de l’ANSES), n’était pas d’établir « un palmarès des RA », mais d’identifier leurs risques potentiels pour la santé. Quinze RA sélectionnés pour leur popularité ont été passés au crible avec une caractérisation sur la base des apports énergétiques, en macronutriments (glucides, lipides, protéines), vitamines et minéraux. Les experts ont également identifié, par analyse bibliographique, les conséquences biologiques d’éventuels déséquilibres nutritionnels, physiopathologiques et psychocomportementaux des RA. L’analyse des données a porté sur leurs différentes phases et non pas sur les RA dans leur ensemble, précise le Pr Irène Margaritis (chef de l’unité d’évaluation sur les risques nutritionnels, ANSES).
Les RA peuvent avoir des conséquences délétères principalement sur le capital osseux, les fonctions rénale et hépatique, et la régulation du métabolisme énergétique. Ils entraînent une diminution de la densité minérale osseuse (de 1 à 2 % par perte de poids de 10 %) avec, comme corollaire, une ostéopénie et une augmentation du risque fracturaire qui est majorée chez la femme ménopausée. On observe également une fonte musculaire chez les adeptes des régimes et ce, quel que soit le niveau d’apport protéique. Les RA hyperprotéinés s’accompagnent d’un risque d’insuffisance rénale aiguë et les RA très hypocaloriques peuvent provoquer une inflammation et une fibrose modérée au niveau hépatique et biliaire. Enfin, la dérégulation métabolique liée aux RA est souvent à l’origine de la reprise de poids (80 % à un an et encore plus à long terme). Le rapport rappelle également que la restriction cognitive, par ses effets sur les signaux physiologiques de faim et de satiété, peut aggraver ou générer des troubles du comportement alimentaire.
Dangers spécifiques.
Dans certaines populations, la restriction énergétique induit des risques particuliers : effets sur la croissance fœtale chez la femme enceinte ; réduction de la production lactée et effets sur l’apport en iode chez la femme allaitante ; ralentissement de la croissance et du développement pubertaire chez l’enfant et l’adolescent ; aménorrhées primaires ou secondaires chez l’adolescente. Chez les sportifs amateurs, la combinaison de la (re)prise de l’activité physique et d’un RA entraîne un risque cardio-vasculaire et de malaise. Chez le sportif pratiquant une activité intense, les RA peuvent être responsables de perturbations hormonales.
Enfin, en ce qui concerne le risque de cancer lié à l’insuffisance d’apport en fibres (dans près de trois-quarts des phases des RA) évoqué par certains médias, le Pr Gérard Lafargues (directeur adjoint scientifique de l’ANSES) souligne que les seules données épidémiologiques disponibles sont sur sa relation avec le risque de cancer colorectal. Aucune conclusion sur ce point ne peut donc être tiré du rapport.
En conclusion, les experts réaffirment la nécessité d’un avis médical pour la perte de poids et d’un accompagnement des sujets sous RA par des professionnels (médecin ou diététicien) ainsi que l’importance de l’activité physique lors de la mise en œuvre d’un régime. L’ANSES appelle la communauté scientifique et médicale française et étrangère, les représentants associatifs et les responsables des organisations professionnelles à donner leur avis sur ce rapport jusqu’à fin décembre (voir encadré).
Article précédent
L’ordonnance de la HAS pour sortir du tout médicament
La grande offensive contre l’obésité
VIDÉO - Démasquer un surpoids ou une obésité chez un jeune enfant
De nombreux outils pratiques pour les médecins
Le généraliste en première ligne
VIDÉO - Savoir réagir face à un adulte en surpoids
Un nouveau PNNS et un plan obésité
Le Dr Pierre Dukan s’explique sur sa méthode
80 % des sujets reprennent le poids perdu
L’ordonnance de la HAS pour sortir du tout médicament
Trois risques principaux identifiés
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024