Après une augmentation constante et régulière de la prévalence de l’obésité dans la seconde moitié du XXe siècle dans pratiquement tous les pays du monde, la situation semble se stabiliser depuis 2000. Aux États-Unis, en Grande-Bretagne et en Suisse, on note un léger infléchissement de l’obésité chez l’adulte, souligne le Dr Marie-Aline Charles* (INSERM U1018, Paris). En France, il n’y a pas de données pour l’adulte, mais les derniers chiffres sur la surcharge pondérale et l’obésité infantiles confortent cette tendance.
Sur le plan physiopathologique, les travaux sur le tissu adipeux (TA) ont fait émerger de « nouveaux concepts intéressants », explique le Pr Karine Clément (INSERM U872, Paris). On sait aujourd’hui qu’au cours de l’obésité, le TA devient pathologique. Outre l’hypertrophie adipocytaire, il est le siège d’une infiltration macrophagique – avec des conséquences à la fois locales, sur la biologie des adipocytes, et systémiques – et de zones de fibrose. Des études ont montré que l’amaigrissement après chirurgie bariatrique s’accompagne d’une régression de l’inflammation systémique et que la présence d’une fibrose du TA sous-cutané est un élément défavorable vis-à-vis de la perte de poids.
LE REGARD A CHANGÉ, MAIS…
La reconnaissance de l’obésité comme maladie par l’OMS en 1997 a suscité de grands espoirs dans la population concernée, se souvient la vice-présidente d’Allegro Fortissimo, Sylvie Benkemoun. La prise en compte de l’environnement, la participation des associations de patients aux PNNS (plan national nutrition santé) et, plus récemment, l’évaluation de la dangerosité des régimes et des médicaments à visée amaigrissante constituent des points positifs. De même que l’évolution de la prise en charge, notamment des prises en charge diététiques qui « sont moins modélisées et tiennent compte des habitudes et des goûts de chacune ». Certes, le regard sur « les gros » a effectivement changé, reconnaît Sylvie Benkemoun, mais « les stéréotypes et les préjugés existent encore largement, y compris au sein du corps médical ».
DANS LA « VRAIE VIE »
S’il est important de convertir les connaissances à des mesures utiles pour la pratique clinique, « ce que l’on sait de la recherche sur le médicament ne s’applique pas toujours au domaine du comportement et de l’obésité », explique le Pr Jean-Michel Oppert (hôpital de la Pitié-Salpétrière, Paris). Plusieurs grilles d’évaluation de la transférabilité des programmes ou des interventions à la population cible ont été élaborées, parmi lesquelles la grille RE-AIM (Reach, Efficacy, Adoption, Implementation et Maintenance). Une revue de la littérature sur les interventions de promotion de l’activité physique en entreprise réalisée dans le cadre du projet HOPE (Health-promotion through Obesity Prevention across Europe) en utilisant cet outil montre, notamment, que seulement 15 % des études donnent des informations sur la représentativité des participants, 30 % sur la cohérence de l’implémentation du programme et qu’aucune ne rapporte le taux de participation des intervenants. « Pour passer des idées à la pratique, une culture de recherche translationnelle doit être plus largement développé », conclut le Pr Oppert.
51e Journée annuelle de nutrition et de diététique. Session présidée par les Prs Bernard Guy-Grand (Paris) et Martine Laville (Lyon),
* Récipiendaire du Prix Benjamin Delessert 2011.
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