« L'antibiorésistance est un grave problème de santé publique mondial, qui progresse extrêmement rapidement, et s'accélère depuis les années 2000, alerte la Pr Céline Pulcini, cheffe du Projet national antibiorésistance (ministère des Solidarités et de la Santé). La résistance aux antibiotiques menace notre mode de vie actuel et compromet les avancées effectuées par la médecine depuis plus de 70 ans. Si les habitudes de surconsommation d'antibiotiques ne sont pas stoppées, l'antibiorésistance pourrait devenir l'une des principales causes de mortalité dans le monde », détaille-t-elle.
Alors que « la France est l'un des plus gros consommateurs d'antibiotiques et que 93 % d'entre eux sont prescrits en ville », la Pr Pulcini revient sur les conséquences pratiques de l'antibiorésistance : maladies plus longues et plus difficiles à soigner, complications, consultations médicales supplémentaires, utilisation de médicaments plus puissants et plus chers pour parvenir à guérir, décès causés par des infections bactériennes jusqu'alors faciles à traiter, etc. « On peut encore changer les choses, mais il ne faut pas tarder », prévient-elle, avant d'évoquer les actions menées par le gouvernement sur ce sujet. Lancement d'un programme de prioritaire de recherche (40 millions d'euros), création d'une nouvelle identité « One Health » en novembre 2018, mission nationale sous l'égide de Santé publique France, organisation d'un colloque à l'automne dernier… Ce problème est à l'ordre du jour.
Un amplificateur de la résistance
Au niveau individuel, la résistance aux antibiotiques a des conséquences sur le microbiote. Après avoir rappelé que « le tube digestif est l'épicentre et l'amplificateur de la résistance », le Pr Antoine Andremont (faculté de médecine Paris Diderot, cofondateur de la biotech Da Volterra) prend l'exemple des voyages, dont il n'est pas rare de revenir en ayant contracté une infection. « Il est aujourd'hui démontré que la colonisation par des bactéries résistantes est beaucoup plus fréquente dans les pays du Sud, constate-t-il. Le rôle du médecin généraliste est majeur pour prévenir et informer les patients ».
Si l'antibiothérapie n'est pas sans impact sur le microbiote, le Dr François Liard (Saint-Épain) souligne également que l'association entre un déséquilibre du microbiote et de nombreuses pathologies (diabète, obésité, syndrome de l'intestin irritable…) est un constat très fréquent, sans que l'on sache souvent s'il s'agit d'une cause, d'une conséquence ou d'un cofacteur. « Il est ainsi primordial de ne pas jouer les apprentis sorciers dans nos prescriptions, ajoute le Dr Liard. Et de conclure : nous avons vécu au XXe siècle sur le postulat “un individu malade = un organe malade”. Soigner l'organe revenait à soigner l'individu… Mais on constate au XXIe siècle que c'est bien plus compliqué que cela, que l'approche doit être multisystémique ».
Session « Antibiotiques et microbiote : des données pour notre pratique ? »
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