Alors qu'une thromboprophylaxie par héparine de bas poids moléculaire (HBPM) est préconisée chez les femmes enceintes et en post-partum ayant des antécédents de thromboembolie veineuse, la dose optimale à injecter ne fait pas consensus. La récente étude internationale Highlow, parue dans le « Lancet », montre qu'une dose standard fixe est efficace.
L'essai, promu par le CHU de Saint-Étienne, est le fruit d'une collaboration entre le réseau Innovte (Investigation Network On Venous Thrombo-Embolism), labellisé F-Crin*, et les services de gynécologie-obstétrique de 70 centres hospitaliers de neuf pays (Pays-Bas, France, Irlande, Belgique, Norvège, Danemark, Canada, États-Unis et Russie), dont 25 en France.
L'embolie pulmonaire, une cause majeure de mortalité maternelle
« Pendant la grossesse et les six semaines qui suivent l’accouchement, les femmes ont quatre fois plus de risque de présenter une thrombose ou une embolie pulmonaire qu’en dehors de la grossesse. La survenue d’une embolie pulmonaire reste une des principales causes de mortalité maternelle, rappellent dans un communiqué la Dr Andrea Buchmüller et la Pr Céline Chauleur du CHU de Saint-Étienne, co-autrices. Une femme enceinte qui a déjà eu une embolie pulmonaire ou une thrombose veineuse profonde avant la grossesse a plus de risques de refaire une maladie veineuse thromboembolique pendant sa grossesse qu’une femme sans antécédent de maladie veineuse thromboembolique. »
Entre le 24 avril 2013 et le 31 octobre 2020, 1 110 femmes enceintes d'au moins 18 ans et présentant des antécédents de thromboembolie veineuse ont été randomisées, avant 14 semaines d'âge gestationnel, pour recevoir une dose intermédiaire ajustée au poids pendant la grossesse (n = 555) ou bien une dose faible fixe (n = 555) d'HBPM. Le traitement était administré par voie sous-cutanée, une fois par jour, jusqu'à six semaines après l'accouchement.
« L'étude Highlow est la seule étude comparant les effets des injections de doses différentes d’HBPM, c’est également la plus grande étude mondiale réalisée dans ce domaine », soulignent les deux autrices.
Pas de différence d'efficacité ni de tolérance
Une thromboembolie veineuse est survenue chez 2 % des femmes recevant la dose intermédiaire ajustée au poids et chez 3 % de celles recevant la faible dose fixe, la différence n'étant pas significative entre les deux groupes. Elle est survenue avant l'accouchement chez 1 % des femmes, quel que soit le groupe, et après l'accouchement pour 1 % des femmes ayant reçu une dose adaptée et 2 % de celles ayant reçu une dose fixe. Des saignements majeurs ont par ailleurs été rapportés chez 4 % des femmes des deux groupes.
« Nous avons démontré que la dose d’HBPM adaptée au poids n’est pas plus efficace que la dose standard fixe pour la prévention thromboembolique pendant la grossesse, résument les deux autrices. En l’état actuel des connaissances, la prescription d’une dose standard fixe d’HBPM pour la prévention thromboembolique dans cette population à risque de récidive est la dose optimale indiquée. »
* Le réseau d'excellence F-Crin (French Clinical Research Infrastructure Network) est une organisation dédiée à la recherche clinique, portée par l'Inserm, financée par l'Agence nationale de la recherche (ANR) et le ministère de la Santé.
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