L’organisation de la prise en soins des patients et des résidents en EHPAD et en USLD interroge depuis un certain temps. Mais c’est la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 qui a été le moteur de la mission confiée par la Direction générale de l'offre des soins (DGOS) et la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA) aux Prs Claude Jeandel et Olivier Guérin, visant notamment à « définir les profils d'admission, décrire les états pathologiques pouvant relever d'une prise en charge en soins de longue durée et définir les critères d'orientation en USLD ou en EHPAD, à pathologies identiques ou différenciées ».
Le rapport, remis aux autorités au début de l’été, formule 25 recommandations pour améliorer la qualité de la prise en charge des patients et résidents dans ces structures.
La première est la suppression progressive des USLD, qui seraient en partie requalifiées en Unités de soins prolongés complexes (USPC) à vocation strictement sanitaire et pour une autre partie en EHPAD. Les 24 autres concernent la réorganisation en profondeur des EHPAD.
Renforcer la dimension médicale des EHPAD
« La très vaste étude descriptive qui a été menée dans le cadre de ce travail, qui en fait toute l’originalité, a finalement souligné le peu de différence dans le profil des résidents et patients en EHPAD et en USLD, souligne le Pr Claude Jeandel. La création d’USPC permettrait d’admettre dans une structure de soins adaptée les nombreux patients aujourd’hui sans solution (les « bed-bloqueurs »), tandis que le renforcement de la dimension de soins dans les EHPAD permettrait de son côté de mieux répondre aux besoins médicaux des patients, aujourd’hui incomplètement satisfaits ».
Ce renforcement de la dimension médicale des EHPAD passe par une réorganisation des procédures et de l'architecture, avec une sectorisation raisonnée et raisonnable des structures pour offrir des unités adaptées aux différents cas de figure. L’étude a en effet bien mis en évidence la transition démographique et épidémiologique actuelle, annonciatrice de résidents aux profils de soins et de dépendance aggravés. Mais aussi avec une morbidité très largement dominée par les affections neuro-évolutives psychiatriques. Ainsi aujourd’hui, quelque 80 % des résidents présentent des troubles de la cohérence.
Une sectorisation des résidents
Deux grandes catégories de résidents pouvant relever d’une prise en charge différenciée apparaissent : ceux avec ou sans dépendance psychique mais à risque majoré d’instabilité et de décompensation d’organes, et ceux majoritairement concernés par une dépendance psycho-cognitive et relevant d’un environnement plus sécurisé. Une telle sectorisation a bien sûr ses limites, mais ses avantages sont multiples, à la fois pour les résidents (meilleure gestion des troubles comportementaux et des situations de crise, accompagnement plus personnalisé dans un même lieu de vie…) et les soignants (professionnalisation, adaptation continue des compétences).
Le rapport fait également des propositions en matière de financement. Actuellement, les USLD relèvent du code de la Santé publique, tandis que les EHPAD sont rattachées au médico-social.
D’après un entretien avec le Pr Claude Jeandel, CHU Montpellier, président du Conseil national professionnel de gériatrie.
(1) https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/rapport_jeandel-guerin.pdf
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