L’enquête PUGG 2022 a été conduite par la Société française de gériatrie et gérontologie (SFGG), en lien avec l’Organisme de développement professionnel continu (ODPC) de gériatrie, le Collège national des enseignants de gériatrie (CNEG) et le Conseil national professionnel de gériatrie (CNPG). Elle avait pour principaux objectifs de cartographier les multiples initiatives d’enseignements et de formations en gériatrie et en gérontologie sur le territoire, et de recueillir les attentes et les besoins exprimés au sein de la profession. « La formation est un sujet important dans le contexte actuel de transition démographique. Avec toujours plus de personnes âgées, on a besoin d’attirer et de former davantage de professionnels, notamment des jeunes… », souligne le Pr Cédric Annweiler, chef du pôle de gériatrie du CHU d’Angers et administrateur de la SFGG. C’est un enjeu majeur de qualité des soins.
L’enquête s’est déroulée du 16 juin au 27 septembre 2022. Signe de l’engouement pour ce sujet, 436 personnes ont répondu (46 ans d’âge moyen). Parmi eux, on dénombre deux tiers de femmes et 210 formateurs. Il s’agissait pour 70 % de médecins en exercice, 20 % de professionnels paramédicaux et 10 % d’internes. Un tiers exerçait en hébergement pour personnes âgées dépendantes (EPHAD) et deux tiers à l’hôpital. Presque tous les départements français ont répondu.
Des cours surtout en présentiel
La formation initiale a lieu en grande majorité en présentiel (85 %), seuls 15 % des cours se faisant à distance. Elle est composée de plus en plus de cas cliniques par rapport aux cours magistraux, et les Examens cliniques objectifs structurés (ECOS) se développent. Les principaux sujets abordés concernent le programme de deuxième cycle de médecine (évaluation gériatrique, vieillissement, chutes, autonomie, cognition…) et le bon usage du médicament. « On peut se réjouir que la iatrogénie intéresse de plus en plus les jeunes, alors qu’elle ne figure pas directement dans le programme des études », remarque le Pr Annweiler.
Quant à la formation continue, elle se tient aussi de préférence en présentiel (diplôme universitaire ou interuniversitaire, congrès…), les MOOC restant très minoritaires. Les sujets sont les mêmes que ceux abordés lors de la formation initiale. Mais il s’ajoute également des thématiques, essentielles pour les professionnels en activité, sur la pluri-professionnalité, l’optimisation des parcours de soins et de la prise en charge de la douleur.
Des formateurs et des participants satisfaits
« La formation est une activité qui plaît. À une écrasante majorité, les formateurs se déclarent satisfaits (voire très satisfaits) d’intervenir, même si la moitié d’entre eux ne perçoivent aucune rémunération et ne bénéficient pas de temps dédié à la formation. Ils le font en plus de leur activité habituelle et se sentent compétents », déclare le Pr Cédric Annweiler. Cependant, 50 % reconnaissent ne pas maîtriser les technologies innovantes, et ont besoin d’accompagnement pour se tenir à jour des données les plus récentes. Au total, 80 % souhaiteraient s’investir encore davantage dans cette mission d’accompagnement.
Quant aux personnes formées, elles sont à 90 % satisfaites, ou très satisfaites, de l’enseignement proposé. Ainsi, 80 % souhaitent continuer à se former.
Vers un enseignement pragmatique et interactif
« Nous avons pu réaliser une cartographie des différents enseignements de gériatrie et gérontologie en France, qui montre leur bonne répartition sur tout le territoire », observe le Pr Annweiler. Néanmoins, des besoins en formations supplémentaires sont exprimés par les professionnels dans presque toutes les régions françaises, alors qu’il existe déjà souvent un enseignement pouvant répondre localement aux attentes.
Ainsi, des améliorations sont encore possibles : meilleure adéquation entre les programmes proposés et les attentes des professionnels, davantage de communication autour des formations existantes, adaptation des enseignements aux différents publics professionnels, facilitation d’accès aux sessions… Enfin, les personnes en activité n’ont plus envie de cours magistraux, mais attendent davantage de cas cliniques, d’exercices de simulation, de jeux de rôle…Les trois mots qui décrivent le mieux la formation idéale pour les participants à l’enquête sont : « pragmatique », « interactive » et « cas clinique ». Il faut des enseignements ancrés dans la réalité pratique.
« En somme, il existe une adéquation globalement satisfaisante entre l’offre et la demande, que ce soit dans la répartition géographique, en termes de sujets traités, ou de modalités pédagogiques utilisées. Les enseignements ont déjà tenu compte des préférences des étudiants, même si des progrès sont encore attendus. Quant aux formateurs qui ne sont pas financés (moitié d’entre eux), il y a urgence à repenser la valorisation de cette activité fondamentale qu’est la formation, notamment dans le champ des métiers du grand âge. Sinon, le risque serait de décourager les plus motivés, et ainsi de ne plus être en mesure de transmettre nos connaissances, savoir-faire et notre passion à la nouvelle génération », conclut le Pr Annweiler.
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