La crise sanitaire actuelle permet de mettre en lumière certains points forts mais aussi les faiblesses de l’organisation en EHPAD. « C’est l’occasion de réfléchir afin d’envisager des évolutions et faire des propositions, déclare la Dr Odile Reynaud-Levy, vice-présidente de l’association nationale des médecins coordonnateurs et du secteur médicosocial (MCOOR). Tout d’abord, on peut se féliciter du bon fonctionnement des hotlines gériatriques, permettant d’accéder directement à un confrère hospitalier afin de prendre en charge de façon appropriée un patient Covid -19 suspect ou confirmé. Ces hotlines ont fait la preuve de leur efficacité. Elles sont maintenant amenées à perdurer et à se développer, même si elles ne sont pas encore présentes partout ».
Par ailleurs, en collaboration avec la Société française de gériatrie et de gérontologie, en lien avec la Société française de soins palliatifs, un arbre d’aide à la décision pour l’hospitalisation des résidents en EHPAD a été rédigé.
Une pénurie de personnel
En revanche, des difficultés ont été notées en ce qui concerne l’accueil des familles dans le strict respect des mesures barrières. « Dans la grande majorité des cas, les familles appliquent les gestes barrières indispensables à la non-contamination de leurs proches. Mais, malheureusement dans près de 20 % des cas, certaines ne respectent pas ces mesures et mettent tout l’établissement en risque épidémique ». Actuellement, les visites sont strictement encadrées, uniquement sur rendez-vous, si possible dans un espace dédié. Il est nécessaire de maintenir le lien avec les proches, mais la vigilance lors des visites doit être renforcée, avec la mise en place drastique des mesures sanitaires en vigueur (port du masque, distanciation physique, procédures de bionettoyage…). « Tout cela demande du temps et nécessite un travail d’équipe. Il faut que les familles nous aident en étant respectueuses des mesures. Il faut aussi du personnel pour accompagner les visiteurs et les surveiller… À l’heure actuelle, on est à flux tendu de personnes pour cet encadrement… », ajoute la Dr Reynaud-Levy. L’épidémie est survenue dans des établissements chroniquement sous-dotés en personnel soignant. À cette pénurie structurelle, s’ajoutent aujourd’hui, les conséquences de cette longue crise sanitaire, avec des soignants fatigués, parfois eux-mêmes atteints par l’infection… Les établissements ne disposent pas de moyens pour renforcer leur personnel et les difficultés de remplacement majorent les problèmes.
Un référent Covid indispensable
La première vague de l’épidémie de Covid-19 a bien mis en évidence le rôle du binôme directeur/médecin coordonnateur dans le respect des missions de chacun. Le médecin coordonnateur a un rôle complémentaire à celui du directeur de l’établissement : il est son conseiller scientifique. Il est en relation avec les intervenants extérieurs (kinésithérapeutes, psychologues, orthophonistes, ergothérapeutes, pédicures…) ainsi qu’avec des médecins traitants et les spécialistes. « Lui seul, expert gériatrique de proximité est à même de faire appliquer les mesures gouvernementales en tenant compte des spécificités de son établissement, au cas par cas et ceci en lien avec les données épidémiologiques locales », explique la Dr Raynaud-Levy.
Cependant, les médecins coordonnateurs ne sont présents que dans 75 % des établissements. « Le référent Covid proposé par l’association MCOOR pour les établissements ne bénéficiant pas de médecin coordonnateur a également démontré que la présence d’un médecin, dont le but est de manager les équipes et parfois de pallier l’absence des médecins traitants en période de crise sanitaire, est indispensable à la bonne marche de l’établissement ».
La collaboration avec les médecins traitants de ville est essentielle pour améliorer la prise en charge des résidents. Il faut s’organiser sur chaque territoire autour des soins de proximité. Enfin, l'association MCOOR plaide pour la formation d’infirmière en pratique avancée en EHPAD.
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