Vers un probiotique antidiabétique ?

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Publié le 24/04/2025
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Le programme français Probiodiab teste actuellement un probiotique mimant l’effet de la metformine.

Les liens entre dysbiose et perturbations métaboliques se précisent

Les liens entre dysbiose et perturbations métaboliques se précisent
Crédit photo : PHANIE

Les liens mécanistiques entre dysbiose intestinale et perturbations métaboliques, en particulier dans le diabète de type 2 (DT2), se précisent.

Puisqu’on observe une altération du microbiote intestinal dans cette pathologie, l’idée est tentante de compenser ce déséquilibre, en ajoutant des bactéries bénéfiques, capables de corriger la dysbiose. Les probiotiques de nouvelle génération suscitent l’intérêt. Il s’agit de bactéries commensales du microbiote humain, dont l’abondance diminue dans certaines maladies, comme le DT2.

Par ailleurs, il est connu que la metformine modifie le microbiote, expliquant en partie les effets du traitement. Ainsi, si une bactérie voit son abondance augmenter sous metformine, elle devient une candidate probiotique.

Ce sont sur ces bases que le programme français Probiodiab a été lancé en 2018, avec pour objectif d’identifier des souches bactériennes adjuvantes au traitement du DT2. Après avoir conçu une méthode de criblage, testé plus de 200 souches chez des larves de drosophiles axéniques puis dans un modèle murin de prédiabète, Probiodiab a sélectionné Bacteroides faecichinchillae (Bafa), très présente dans l’intestin, et indispensable à la digestion et à la fermentation.

Absorption lipidique

Chez la souris, les analyses menées au niveau de l’iléon ont montré que Bafa induit une diminution de l’expression des gènes impliqués dans le métabolisme des lipides et leur absorption, sous forme de chylomicrons. Ce résultat suggère un impact sur l’absorption lipidique, comparable à celui observé sous metformine, et qui pourrait constituer un mécanisme clé de son action antidiabétique.

De plus, contrairement au régime riche en graisses, qui active la voie du récepteur nucléaire d’acide biliaire FXR, en augmentant les acides biliaires, le traitement par Bafa l’inhibe, à l’instar de la metformine.

À ce stade des recherches, ces divers mécanismes potentiels conduiraient à une réduction des céramides dans les tissus, dont le foie. Cela aurait pour conséquence de favoriser l’action de l’insuline, soutenant l’hypothèse d’un effet antidiabétique.

Hélène Joubert

Source : Le Quotidien du Médecin