ENTRE 2000 et 2009, le taux de prévalence du diabète traité par hypoglycémiants oraux et/ou insuline est passé de 2,6 à 4,4 % soit un accroissement de 1,6 à 2,9 millions de personnes diabétiques. La prévalence est de 0,4 % pour les 0-44 ans et de 9,3 % pour les 45 ans et plus (6,3 % des 45-64 ans, 14,2 % des 65 à 74 ans et 14,8 % des 75 ans et plus). Elle est plus élevée chez les hommes : 6,3 % contre 4,5 % des femmes. On associe généralement la progression du diabète à l’augmentation du surpoids et de l’obésité ainsi qu’au vieillissement et à l’intensification du dépistage. Les enquêteurs avancent ici un autre argument : l’amélioration de l’espérance de vie des personnes traitées pour diabète.
Les variations sont notables également selon la localisation des patients : les régions du Nord subissent une forte prévalence du diabète. En tête, le Nord-Pas-de-Calais avec 5,4 % suivi de près par la Picardie (5,3 %) et la Champagne-Ardenne, à égalité avec l’Alsace (5 %). Des fréquences plus élevées que la moyenne nationale. À l’inverse, à l’Ouest, la Bretagne (3 %), les Pays de la Loire (3,6 %) et l’Aquitaine (3,9 %) sont les régions aux taux de prévalence les plus faibles. Mais ceux qui font exploser les compteurs sont les départements d’Outre-Mer. La Réunion bat les records avec son 8,8 %, puis viennent la Guadeloupe (8,1 %), la Martinique (7,4 %) et la Guyane (7,3 %). À l’inverse de la métropole, le diabète des DOM se caractérise (en 2007) par un sur-risque féminin (essentiellement en Antilles-Guyane). Les enquêteurs expliquent ces mauvais chiffres par un risque génétique élevé, des conditions socio-économiques défavorables et des modifications rapides du mode de vie. La population diabétique est par ailleurs plus jeune qu’en métropole.
Mortalité en baisse.
L’enquête a évalué aussi les facteurs de risque cardio-vasculaire associés au diabète. Assez logiquement, leurs traitements ont eux aussi augmenté. Le pourcentage de patients sous statine, notamment, a plus que doublé entre 2000 et 2009, passant de 23,9 % à 51,6 %. Les anti-agrégants plaquettaires ont progressé de 25,8 % à 35,4 %.
Le taux de mortalité des diabétiques a en revanche diminué, baissant d’environ 10 % entre la période 2001-2006 et 2009. La comparaison de la mortalité des diabétiques et des non-diabétiques retrouvait un ratio standardisé de mortalité (SMR) de 1,44. Ces deux résultats soulignent les progrès déjà accomplis, estiment les auteurs, même si « le diabète reste générateur de complications graves et coûteuses ».
Reste que ces chiffres négligent l’existence du diabète non diagnostiqué d’une part et du diabète diagnostiqué mais non traité d’autre part. L’Étude nationale nutrition santé (ENNS) estimait pour les 18 à 74 ans en 2006 le diabète connu et non traité à 0,6 % et le diabète méconnu à 1 %.
La prévalence du diabète a donc progressé, au-delà même des prévisions des experts. Les enquêteurs suggèrent de mieux maîtriser l’offre alimentaire, de maintenir un niveau d’activité physique raisonnable mais aussi d‘engager des politiques adaptées aux populations à risque, notamment pour les plus de 60 ans et dans les zones géographiques les plus concernées.
Mieux suivre les recommandations.
Considérant l’« inertie thérapeutique » comme importante dans la prise en charge des diabétiques de type 2 dans notre pays en 2008-2009 (au regard d’un objectif d’équilibre glycémique qui n’est pas atteint), une étude a été menée pour constater les pratiques d’intensification des traitements d’hypoglycémiants par les médecins généralistes. L’analyse a porté sur 17 493 patients traités par hypoglycémiants oraux seuls avec au moins deux dosages d’HBA1c, parmi lesquels 3 118 (soit 18 %) nécessitaient une intensification du traitement selon les recommandations actuelles. Ceux-ci en ont bénéficié dans les six mois après un deuxième dosage d’HBA1c déséquilibré.
L’analyse montre donc que face à un déséquilibre glycémique avéré, une intensification n’était prescrite dans les six mois suivant le deuxième résultat que dans 39 % des cas (59 % à douze mois) alors que les recommandations précisent qu’une intensification doit être réalisée dans un délai de six mois. Et « l’inertie thérapeutique aurait été encore plus importante si la date du premier dosage avait été prise en compte pour calculer le délai d’intensification ». Même si ces résultats sont à prendre avec précaution, reconnaissent les enquêteurs, ils révèlent clairement que des progrès restent à accomplir dans le suivi des recommandations qui tentent de prévenir les complications du diabète à moyen et long terme. « La mise à jour envisagée de ces recommandations pourrait constituer une occasion de rappeler une telle nécessité ».
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