PENDANT LONGTEMPS, devant un hypogonadisme central (isolé ou associés à d’autres déficits hypophysaires) dépisté chez un petit garçon ayant un micropénis et de petits testicules avec ou sans cryptorchidie, la seule réponse possible a été de donner de la testostérone intramusculaire pour compenser le déficit leydigien et normaliser la taille de la verge. Cependant, la testostérone n’a pas d’effet sur les cellules de Sertoli, qui sont le soutien de la future spermatogenèse. « Il nous restait donc à dire aux parents de revenir en consultation à la puberté, pour voir si celle-ci débutait spontanément ou non. Les endocrinologues adultes prenaient ensuite le relais et, à 25 ou 30 ans, quand ces garçons voulaient des enfants, leur étaient prescrites des gonadotrophines, pour obtenir une spermatogenèse, avec des résultats variables selon l’origine de l’hypogonadisme » rappelle le Dr Bouvattier.
Agir dès la mini-puberté.
On sait, depuis les années 1970, qu’entre 15 jours et 4 à 6 mois de vie, se produit une minipuberté, c’est-à-dire, une période intense de sécrétion des gonadrotrophines et donc de la testostérone, de l’AMH et de l’inhibine B (stimulation de la croissance cellulaire). Les nourrissons porteurs d’hypogonadismes hypogonadotropes échappent à cette minipuberté.
« Quand les gonadotrophines recombinantes sont arrivées sur le marché, nous avons voulu savoir si, plutôt que de donner uniquement de la testostérone à l’adolescence ou à l’âge adulte aux patients atteints d’hypogonadismes hypogonadotropes, il ne serait pas plus judicieux de tenter de reproduire cette période néonatale si particulière, en administrant de la FSH et de la LH. Des essais en ce sens ont débuté en 2007 : la FSH et la LH sont délivrées dès le diagnostic, le plus tôt possible, par le biais d’une pompe placée dans le dos du bébé (pompe à insuline). Une seule journée d’hospitalisation suffit à mettre le traitement en place. Notre expérience montre que les parents, aidés par un infirmier référent, gèrent très facilement le dispositif. Une fois par mois, un examen clinique et des prélèvements sont réalisés chez le bébé pour évaluer le développement des cellules de Leydig (mesures de la testostérone et de la verge) et des cellules de Sertoli (mesures de l’AMH et de l’inhibine B et du volume testiculaire). Nos résultats montrent que l’on reproduit facilement la physiologie. Il est trop tôt pour savoir si, comme nous l’espérons, ce traitement précoce permettra une induction pubertaire et l’obtention d’une spermatogenèse à l’âge adulte plus faciles et plus rapides. Chez les deux premiers bébés traités par notre équipe (Pr Pierre Bougnères, Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism 2008 ;93 : 2 202 – 5), le volume moyen des testicules a augmenté de 0,45 à 0,57 ml à la naissance à 2,10 ml à sept mois et la longueur du pénis a augmenté dans le même temps, de 8 à 30 mm pour le premier et de 12 à 48 mm pour le second », précise le Dr Bouvattier.
À la puberté.
En attendant de voir les effets bénéfiques potentiels d’un traitement très précoce, les garçons actuellement pris en charge au stade de la puberté (et donc, qui n’ont pu bénéficier d’un traitement précoce postnatal), peuvent aussi recevoir un traitement par FSH et LH, plus efficace qu’un simple traitement par testostérone. Ce traitement permet de se rapprocher d’une puberté physiologique (la verge grandit, le volume testiculaire augmente et les caractères sexuels masculins se développent). Il est ainsi possible de congeler du sperme dès 18 mois - 2 ans de traitement (avec conservation au Cecos), avant de reprendre un traitement par testostérone seule.
Ces traitements coûtent beaucoup plus cher que la testostérone et sont réservés à des centres spécialisés.
D’après un entretien avec le DrClaire Bouvattier, endocrinologue pédiatre, Hôpital Bicêtre, faculté de médecine Paris XI.
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