« La communauté de l'obésité est mobilisée de façon majeure pour faire évoluer la prise en charge de l'obésité. Elle a effectué un énorme travail dans le cadre du dispositif dit "article 51" », salue la Pr Martine Laville, responsable du centre intégré de l’obésité aux Hospices civils de Lyon, chargée d'une mission sur la prévention et la prise en charge de l'obésité. Lancé en 2018, ce dispositif promeut des expérimentations innovantes qui visent à améliorer le parcours de soins des patients.
Onze expérimentations ont été initiées dans l'obésité dans ce cadre. « Si leur évaluation est favorable, leur passage rapide dans le droit commun va transformer l’offre de soins », est-il écrit dans le rapport de la nutritionniste.
Prise en charge pluridisciplinaire remboursée
Le premier a avoir été mis en place est le dispositif « Mission retrouve ton cap » (MRTC), qui a pour objectif de prévenir le surpoids et l’obésité infantile. La phase d'expérimentation de trois ans, menée en Seine-Saint-Denis, à La Réunion et dans l'ancienne région Nord-Pas-de-Calais, a pris fin, laissant place à sa généralisation dans toute la France depuis mars.
« Ce dispositif permet aux enfants de 3 à 12 ans à risque d’obésité, en surpoids ou en obésité non complexe, de bénéficier sur prescription médicale d’une prise en charge précoce, pluridisciplinaire – diététique, psychologique, activité physique – remboursée à 100 % par l’Assurance-maladie sans avance de frais par la famille ni dépassement d’honoraires », est-il détaillé sur le site ameli.fr. La Pr Laville appelle à promouvoir la mise en place de ce forfait.
Les autres dispositifs sont encore au stade de l'expérimentation, leur durée est de quatre à cinq ans. Quatre autres sont dédiés aux enfants. Le dispositif Obepedia permet de prendre en charge des enfants et adolescents atteints d’obésité sévère à travers un programme de soins et d’accompagnement individualisé, fondé sur la coordination entre l’hôpital et la ville. Démarré en 2019, le projet se déroule dans neuf régions, dont le Grand Est et la Nouvelle-Aquitaine.
Quant à Proxob, démarré en 2021 en Auvergne-Rhône-Alpes, il s'agit d'un accompagnement familial à domicile et de proximité de l'obésité infanto-juvénile, s’adressant aux familles avec au moins un enfant de 0 à 18 ans en excès de poids. Le dispositif Pralimap-Ines porte sur la promotion de l’alimentation et de l’activité physique auprès des lycéens, à travers des programmes éducatifs et des dépistages. Il se déroule en Guadeloupe et dans les îles du Nord depuis 2020. L’expérimentation Topase a quant à elle vocation à structurer la prise en charge de l’obésité infantile de premier recours grâce à un maillage territorial par des équipes de proximité. Elle se tient en Centre-Val de Loire depuis 2020.
« Ces quatre programmes, associés à MRTC, permettent une offre graduée en fonction de la complexité de la situation, allant jusqu'au dépistage au troisième recours et favorisant la prise en charge de proximité et familiale », est-il résumé dans le rapport de la Pr Laville.
Deux programmes médico-éducatifs
Plusieurs dispositifs concernent par ailleurs les adultes, dont deux programmes médico-éducatifs. GPSO porte sur le premier recours et propose une approche médico-éducative de proximité en ville et un accompagnement de longue durée, dans les Hauts-de-France, l'Île-de-France et le Centre-Val de Loire, depuis 2021. Le programme Espace Médical Nutrition et Obésité (EMNO), destiné au deuxième recours, repose sur un parcours médico-éducatif pluridisciplinaire personnalisé associé à un accompagnement pédagogique dématérialisé. L'expérimentation a lieu depuis 2019 en Bourgogne-Franche-Comté.
Trois dispositifs « article 51 » de l'obésité concernent la préparation et le suivi de la chirurgie bariatrique. Baria up vise à la mise en place d'un parcours éducatif autour de la chirurgie bariatrique afin d'améliorer la qualité des soins et de vie, tout en favorisant l'autonomisation des patients. Le dispositif est évalué dans les régions Hauts-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes et Occitanie depuis 2020.
En Île-de-France, Obepar repose sur un parcours de prise en charge coordonné entre la ville et l'hôpital. L'expérimentation a commencé en 2020. Quant à Paco, il a vocation à structurer le parcours de la chirurgie en amont et en aval, en plus d'offrir un accompagnement éducatif. Il se tient en Provence-Alpes-Côte d'Azur depuis 2019.
Un récent projet a été lancé fin mars : il s'agit de Mam’en forme, qui permet un parcours coordonné de soins pour les femmes enceintes vulnérables en situation d’obésité en Seine-Saint-Denis pour cinq ans.
« Nous avons entre les mains d'importantes modifications à venir, qui devraient améliorer significativement la prise en charge des patients », espère la Pr Laville.
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