Les infections sexuellement transmissibles (IST) connaissent en permanence des évolutions, ce qui nécessite des adaptations régulières des stratégies de prévention et de prise en charge. Les dernières recommandations françaises dataient de 2016 et leur actualisation, menée sous l’égide de la Direction générale de la santé et de la Haute autorité de santé, a été réalisée conjointement à celles sur le VIH et les hépatites, qui découlaient du rapport Morlat 2019. Elles sont disponibles en ce début d’année 2023.
Monkeypox, des signes cutanés au premier plan
L’année 2022 a bien sûr été marquée par la flambée épidémique de Monkeypox, rebaptisé mpox par l’Organisation mondiale de la santé, IST due au virus de la variole du singe, sans précédent chez l’humain. Les premiers cas ont été décrits au Royaume-Uni, puis rapidement dans d’autres pays d’Europe, notamment en France, en Amérique du Nord et du Sud, au Moyen-Orient en Afrique du Nord et en Australie. Entre mai et début octobre 2022, quelque 4 000 cas ont été recensés en France, majoritairement chez des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes.
Endémique en Afrique de l’Ouest et Centrale, et jusqu’alors identifié seulement sur place ou chez des voyageurs revenant d’Afrique, le Monkeypox classique est de transmission principalement zoonotique. Il se traduit par un syndrome viral (altération de l’état général, fièvre, adénopathies), suivi d’une éruption sans topographie particulière.
Au contraire, le Monkeypox épidémique a sévi essentiellement en Europe de l’Ouest et sur le continent américain. Le virus isolé appartient au clade ouest-africain. Cliniquement, l’infection s’est traduite par une éruption cutanée à topographie anogénitale et orale prédominante, le syndrome viral venant le plus souvent au second plan. L’épidémie a rapidement décru, sans doute en partie sous l’effet de la vaccination (172 000 doses avaient été délivrées en France au 2 novembre dernier) et des mesures de prévention préconisées, notamment par les associations de lutte contre le sida et les hépatites.
Gonocoques et méningocoques B, des similitudes
Autre domaine qui connaît des évolutions, la prévention vaccinale des infections à gonocoques, un sujet de recherche finalement assez ancien, puisqu’il avait déjà donné lieu à une publication au début du siècle dernier. C’est une étude rétrospective cas-témoins néo-zélandaise, publiée en 2017, qui a relancé cette voie de recherche, en montrant que la vaccination contre le méningocoque B dans l’enfance était associée à un moindre risque d’urétrite à gonocoque entre 15 et 30 ans (réduction de 31 %). Des données confortées par deux nouvelles études, toujours rétrospectives, publiées en 2022, qui font état d’une protection allant de 26 à 40 %. Une telle protection « croisée » n’est pas étonnante, car les deux bactéries sont relativement proches.
Dévoilés il y a quelques semaines, les résultats positifs de l’étude prospective Doxyvac, menée sur une cohorte de sujets à haut risque d’IST, pourraient ainsi faire évoluer les recommandations nationales de prévention du risque de certaines IST (gonocoque, Chlamydia, syphilis), grâce au recours à la doxycycline et au vaccin contre le méningocoque B.
Résistance à géométrie variable de M. genitalium
La résistance de Mycoplasma genitalium aux antibactériens est un problème qui se pose avec acuité dans certains pays, mais pas tous et pas chez tout le monde. En France métropolitaine, les données de 2020, publiées en 2022, rapportent un taux de résistance de 42 % pour l’azithromycine et de 16 % pour les fluoroquinolones, chiffres globaux qui cachent des différences. En effet, le taux de résistance aux macrolides est en France métropolitaine plus élevée chez les hommes (50 %) que chez les femmes (20 %). Dans les départements et régions d’Outre-mer, la proportion de souches résistantes à l’azithromycine est bien moindre et comparable dans les deux sexes (15,6 % chez les femmes, 13,5 % chez les hommes).
Les chiffres publiés aux États-Unis et dans les pays d’Europe de l’Ouest sont comparables à ceux de la France métropolitaine. Ils paraissent bien supérieurs à ce qui est observé en Afrique ou dans certaines îles du Pacifique, même si les données restent parcellaires. Le typage moléculaire des souches montre que la résistance ne découle pas de sous-types différents. La variabilité des taux de résistance selon les régions du monde serait plutôt liée aux réseaux de transmission.
Présentation du Dr Sébastien Fouéré (Paris)
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