Avec une prévalence dans la population générale estimée entre 0,5 et 1 %, l'urticaire chronique spontanée (UCS) est une maladie caractérisée par des lésions urticariennes fugaces, prurigineuses (50 % des cas), des angio-oedèmes (10 % des cas) ou l'association des deux (40 % des cas), pendant au moins 6 semaines. Elle touche plus souvent les femmes que les hommes, avec un pic de fréquence entre 20 et 40 ans. Elle est associée à un terrain atopique dans 40 % des cas.
L'évolution spontanée se fait vers la guérison, en 3 à 5 ans en moyenne, mais 20 % des formes évoluent au-delà. Il n'y a aucun traitement curatif, que des traitements symptomatiques, mais l'arrivée de nouvelles molécules a suscité un regain d'intérêt pour cette pathologie, anciennement dénommée urticaire idiopathique.
Pas de bilan paraclinique en première intention
En attendant de nouvelles recommandations françaises pour la fin de l'année, le dernier consensus national, qui date de 2003, reste en partie d'actualité. Lorsque l'interrogatoire et l'examen clinique confirment le caractère isolé de l'UCS, aucun bilan paraclinique n'est nécessaire et le traitement de première intention se fonde sur une monothérapie par anti-histaminiques de deuxième génération pendant de 4 à 8 semaines. En l'absence de guérison ou d'amélioration, on parle alors de résistance aux anti-H1 et un bilan biologique simple est réalisé: NFS, CRP, VS, anticorps anti-TPO, complété en cas de positivité par le dosage de la TSH.
« L'anti-H1 est alors changé pour une autre molécule de la même classe, les changements pouvant être répétés toutes les 4 à 8 semaines avant d'envisager un autre traitement (doxépine, anti-H2, antileucotriènes, immunosuppresseurs, sur la base d'études manquant de puissance ou dont les résultats sont contradictoires », a souligné la Dr Pascale Mathelier-Fusade, avant de rappeler que les corticoïdes par voie générale n'ont pas de place dans les UCS.
Un contrôle total irréaliste ?
Des recommandations internationales ont été publiées en 2018 par l'EAACI, le GA2LEN, l'EDF, le WAO, largement fondée sur les publications de l'équipe de l'hôpital de la Charité à Berlin. En phase avec les recommandations françaises, le bilan étiologique préconisé est succinct : NFS, VS/CRP, un bilan complémentaire étant demandé uniquement en fonction de l'histoire clinique, notamment dans les UCS évoluant depuis longtemps ou difficilement contrôlables. Après le quadruplement des doses initiales d'anti-H1, les experts allemands proposent un passage assez rapide à l'omalizumab, qui a l'autorisation de mise sur le marché dans cette indication.
Les américains ont répondu point par point à ce consensus en ce début 2019. Comme les français, ils estiment que le contrôle complet des symptômes est irréaliste et que l'objectif doit plutôt être une amélioration de la qualité de vie. Pour eux, aussi, le recours à l'omalizumab est trop rapide et ils recommandent une escalade plus graduelle.
Les japonais ont de leur côté édicté leurs propres recommandations, avec une classification différente des urticaires. « Ces différences d'appréciation illustrent bien la difficulté d'établir des consensus internationaux », a conclu la Dr Mathelier-Fusade.
D'après la communication du Dr Pascale Mathelier-Fusade, hôpital Tenon (Paris).
Article précédent
Les métaux toujours d’actualité
Article suivant
De plus en plus d'œsophagites à éosinophiles
Manger ou courir, il faut choisir
Une appli pour mieux l'appréhender
Les métaux toujours d’actualité
Des recommandations attendues pour la fin de l'année
De plus en plus d'œsophagites à éosinophiles
Les pièges de la toux chronique
Quand adresser le patient à l'allergologue ?
Un cocktail délétère pour l’asthme
Une prise en charge globale de la dermatite atopique
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024