Syndrome de Meadows

Des HTA sévères observées

Par
Publié le 27/01/2020
Article réservé aux abonnés
La cardiomyopathie gravidique primitive est une entité pathologique rare. Son mécanisme physiopathologique reste mal élucidé malgré l'existence de plusieurs hypothèses. Des observations cliniques récentes font ressortir deux cas d'hypertension artérielle (HTA) sévère.
Un âge supérieur à 30 ans, la multiparité et les grossesses multiples sont des facteurs de risque

Un âge supérieur à 30 ans, la multiparité et les grossesses multiples sont des facteurs de risque
Crédit photo : Phanie

Décrite pour la première fois par un groupe de travail du National Heart Blood and Lung Institute, la cardiomyopathie du péripartum, ou syndrome de Meadows, ou cardiomyopathie gravidique primitive, est une cardiomyopathie dilatée survenue pendant ou au décours d'une grossesse. Sans cardiopathie préalable à la grossesse, elle apparaît au cours du troisième trimestre ou dans les cinq mois qui suivent l'accouchement, avec un pic de fréquence dans les quelques jours du post-partum. Son bilan étiologique complet demeure négatif. Elle est définie par une insuffisance cardiaque avec une fraction d'éjection systolique ventriculaire gauche inférieure à 45 %. Il s'agit d'une entité pathologique rare. Son incidence, variable, est de 1/10 000 à 1/4 000 naissances. Plusieurs facteurs de risques ont été identifiés, notamment un âge supérieur à 30 ans, la multiparité, les grossesses multiples, une tocolyse prolongée, les carences vitaminiques et en oligoéléments, notamment en sélénium. Cependant, un tiers des cas surviennent chez des patientes sans aucun facteur de risque.

De nombreuses théories à l'étude

Le mécanisme physiopathologique du syndrome de Meadows reste mal élucidé. Plusieurs hypothèses sont évoquées. La théorie inflammatoire s’appuie sur la constatation de lésions caractéristiques de myocardite aiguë (sur des biopsies myocardiques), favorisées par les perturbations de la réponse inflammatoire en cas de stress oxydatif induit par un agent infectieux. Selon l'hypothèse auto-immune, la cardiomyopathie s’expliquerait par le rétablissement d'une immunité maternelle normale alors que des cellules fœtales résident dans le tissu myocardique après l'accouchement. Dans la théorie hormonale, un stress oxydatif active la cathepsine D, ce qui entraîne un clivage intramyocardique de la prolactine en petites fractions de faible poids moléculaire ayant une activité antiangiogénique et proapoptotique. La théorie génétique, enfin, a été évoquée devant la constatation de formes familiales. La théorie métabolique, par déficit en sélénium, est également une hypothèse.

Et en clinique ?

Le Dr Setti Zelmat et son équipe ont rapporté trois observations cliniques constatées à Oran en 2018 et 2019. L'âge maternel supérieur à 30 ans, la multiparité, les grossesses multiples et le contexte de toxémie gravidique ont été retrouvés dans ce travail. La notion d’une hypertension artérielle sévère a été retrouvée chez deux patientes. L'examen clinique a mis en évidence une dyspnée avec orthopnée, une toux, une tachycardie, parfois des douleurs thoraciques atypiques, des œdèmes déclives et une asthénie intense. Une échocardiographie a été réalisée en raison du contexte du péripartum. Cet examen a confirmé le syndrome de Meadows.

D'après une communication du Dr Setti Aouicha Zelmat, faculté de médecine, Oran, Algérie.

Dr Gérard Bozet

Source : Le Quotidien du médecin