Dans les CBNPC, qui représentent 85 % des cancers du poumon, la mutation la plus fréquente est celle de l’EGFR, présente dans 10 à 20 % de ces cancers en Europe (14 % en France).
Inhibiteur de tyrosine kinase (ITK) de troisième génération, l’osimertinib est actuellement indiqué en première ligne de traitement des CBNPC avancés et métastatiques avec mutation activatrice de l’EGFR, l’essai FLAURA ayant montré sa supériorité en termes de survie sans progression (SSP) et de survie globale (SG) par rapport aux ITK de première génération.
Parmi les 30 % de CBNPC à un stade précoce (de I à IIIA), les stades II à III et certains stades IB peuvent bénéficier, juste après la chirurgie, d’une chimiothérapie adjuvante à base de cisplatine, qui a fait ses preuves sur la SSP et la SG à 5 ans. Néanmoins, le risque de récidive étant élevé, l’objectif de l’étude ADAURA était d’évaluer l’osimertinib dans les CBNPC non métastatiques après chirurgie complète (1). Cet essai de phase III a randomisé 682 patients en stades IB à IIIA après exérèse tumorale et éventuellement une chimiothérapie adjuvante, pour recevoir ou non de l’osimertinib à 80 mg par jour pendant trois ans. La majorité était des non-fumeurs, 64 % étaient d’origine asiatique et 55 % ont reçu une chimiothérapie adjuvante avant la randomisation.
Une réduction de 83 % du risque de récidive
L’aveugle a été levé précocement en raison de l’efficacité majeure de l’osimertinib mais tous les patients prévus avaient été inclus et ont été suivis au moins un an. Les résultats préliminaires montrent dans les stades II/IIIA (69 % des participants) une réduction du risque de récidive de la maladie ou de décès de 83 % par rapport au placebo (HR=0,17, p<0,0001). La survie sans maladie à deux ans était de 90 % avec l’osimertinib et de 44 % avec le placebo. Pour les tumeurs de stade IB, le risque de récidive était réduit de moitié par l’osimertinib (HR=0,50, p<0,0001). Sur l'ensemble de la population (stades IB/II/IIIA), une diminution du risque de récidive de 79 % était également observée (HR=0,21; p<0,0001). Le bénéfice était identique que les patients aient reçu ou non une chimiothérapie adjuvante.
On manque encore de recul pour évaluer la SG, avec toutefois une tendance à la supériorité sous osimertinib.
« C’est la première fois qu’on obtient de tels résultats depuis l’avènement de la chimiothérapie, et même si on ne connait pas encore l’impact sur la survie globale, le bénéfice spectaculaire sur la prévention des récidives devrait modifier la prise en charge de ces CBNPC à un stade précoce, remarque le Pr Jean-Yves Blay (président d’Unicancer). Ce qui va aussi nous amener à évaluer les anomalies moléculaires chez tous les patients opérés ».
Le profil de tolérance de l’osimertinib était similaire à celui rapporté en situation métastatique, avec essentiellement des diarrhées, une paronychie (infection de la cuticule) et une sécheresse buccale.
(1) Herbst R.S. et al., ASCO 2020, Abstract LBA5.
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