Des recos pour l’ITO de l’allergie alimentaire

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Publié le 29/05/2025
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L’immunothérapie orale constitue, selon les recommandations 2025 de l’Académie européenne d’allergologie et d’immunologie clinique (EAACI), une option validée dans les allergies alimentaires IgE-médiées, pour réduire le risque de réactions accidentelles, notamment sévères, et améliorer la qualité de vie du patient, en particulier celle de l’enfant et de son entourage.

Crédit photo : PHANIE

L’éviction stricte a longtemps représenté l’unique modalité de prise en charge des allergies alimentaires, au prix d’un retentissement sur la qualité de vie, d’un risque accru de sensibilisation et de réactions sévères en cas d’exposition accidentelle. Validée par de nombreuses études au cours des vingt dernières années, notamment pour l’arachide, le lait de vache et l’œuf, l’immunothérapie orale (ITO) constitue l’approche la plus prometteuse dans le domaine des allergies alimentaires. Elle repose sur l’ingestion régulière de doses croissantes de l’allergène jusqu’à une dose de maintenance. Trois niveaux de réponse peuvent être obtenus : une désensibilisation (élévation du seuil de réactivité sous exposition continue), une tolérance soutenue, ou rémission (maintien d’un seuil élevé après arrêt temporaire), et enfin une tolérance durable.

Elle peut être proposée quel que soit le profil clinique, y compris en cas d’anaphylaxie, d’asthme (contrôlé) ou d’allergies multiples, pour tout aliment, y compris les plus à risque (lait, œuf, arachide).

L’ITO peut débuter dès l’âge préscolaire, en général après 4 ans, voire plus tôt si elle est bénéfique. En effet, une mise en route précoce, alors que l’immunité reste modulable, améliore l’efficacité et la tolérance.

La mise en route précoce améliore l’efficacité et la tolérance

Aucun protocole standardisé ne définit ni la dose ni la durée optimales de l’ITO. La phase d’escalade repose sur une augmentation des doses adaptée à la tolérance clinique, jusqu’à atteindre une dose de maintenance (environ 300 mg de protéines ou une portion d’aliment comme pour le lait ou l’œuf). La phase de maintenance, à vie, repose sur une prise régulière de l’allergène, avec possibilité d’espacement.

Les effets indésirables, outre la lassitude et le dégoût, sont fréquents, surtout lors de la phase d’escalade. Ils incluent des symptômes digestifs (prurit oral, douleurs abdominales) et cutanés (urticaires). Des réactions anaphylactiques peuvent survenir, notamment chez les enfants de plus de 5 ans (16 %).

Hélène Joubert

Source : Le Quotidien du Médecin