Faut-il parler d’une année pour rien ? ou plutôt d’une année à un milliard d’euros, soit le montant de la régulation sur le médicament exigée pour 2018. En tout cas, les années se suivent et se ressemblent pour les industries des produits de santé. Les laboratoires pharmaceutiques et les entreprises de dispositifs médicaux réaliseront l'essentiel des économies demandées afin de respecter la progression de l'Ondam limitée à 2,3 %. « Nous consommons trop de médicaments et pas assez de génériques », a lâché Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, lors de la présentation du PLFSS 2018. Sur 4,165 milliards, près de 1,5 milliard sera réalisé par ces industries. Sont annoncées des baisses de prix de médicaments, de dispositifs médicaux. Des économies de 40 millions d'euros sont également attendues sur les biosimilaires. Last but not least, les remises sur les prix des produits de santé sont évaluées à 210 millions d'euros. Les médicaments hospitaliers sont également dans le viseur. Les économies sur la liste en sus et les ATU sont chiffrées à 390 millions d'euros. Le niveau d'économie exigé des industries de santé est à peu près comparable à celui atteint les années précédentes. Comment expliquer l’absence de rupture avec la politique menée par Marisol Touraine pendant cinq ans. On avance comme argument dans les cabinets ministériels le manque de temps. Mais l’explication peut-elle être retenue devant l’absence de signal envoyé aux acteurs du système ? Le décret par exemple réformant la liste en sus n’a pas été abrogé. Quant à la lettre d’orientation adressée au président du CEPS (Comité économique des produits de santé), il stipule toujours que les négociations de prix sur les médicaments avec ASMR IV doivent s’aligner sur le coût du générique le moins cher. En tout état de cause, l’argument de manque de temps ne peut être utilisé qu’une seule fois.
Cette déception s’est également manifestée lors de la rencontre du G5, qui regroupe désormais huit entreprises françaises. Les messages critiques adressés aux pouvoirs publics sont toujours aussi cinglants, comme s'il ne s'était rien passé dans l'Hexagone au printemps dernier. Marc de Garidel président du G5 santé et président d'Ipsen a ainsi pointé « les contradictions des premières mesures gouvernementales ». Comment peut-on reconnaître le caractère stratégique de l'industrie française de santé, tout en exigeant année après année, de nouveaux efforts financiers ? La politique du coup de rabot persiste en l'absence de réelle réforme de structure. Le G5 qui plaide pour un essor de l'automédication ou du parcours de soin pharmaceutique ne reconnaît pas d’avancée significative dans le PLFSS 2018. Même dans un domaine comme la télémédecine qui bénéficie de nouvelles dispositions législatives, les labos français stigmatisent le manque d'ambition. Quant à un éventuel allégement du poids de la fiscalité qui frappe le secteur, les industriels français ne se font plus guère d'illusion. Alors que la France est la championne européenne, ils suggèrent que les taxes ne se perdent plus dans le sable des déficits.
Taxes allouées à l'ANSM ?
Une solution serait de les allouer par exemple à l'Agence nationale de sécurité des médicaments et des produits de santé (ANSM). Grâce à ces nouveaux crédits, elle serait plus efficace. Et le délai d'accès au marché, aujourd'hui de 408 jours, serait peut-être réduit. D'une année à l'autre, certaines propositions sont ainsi remises sur la table des négociations.
Rattacher le CEPS au Premier ministre ?
On peut citer dans ce cadre l'idée de rattacher le CEPS (Comité économique des produits de santé) au Premier ministre. Cette nouvelle gouvernance aurait l'avantage de soustraire le prix des médicaments à la seule vision budgétaire défendue par Bercy. Et d'associer en revanche une vision industrielle qui prendrait davantage en compte les investissements réalisés en France. L'idée sera-t-elle retenue lors du prochain Conseil stratégique des industries de santé (CSIS) qui devrait se tenir avant l'été 2018 ? Le prochain PLFSS traduira-t-il en actes les engagements conclus au cours de cette grand-messe ?
L’industrie pharma, l’encre à peine sèche du PLFSS 2018, se met déjà à espérer un PLFSS 2019 plus clément. Après neuf ans de stagnation et de taxes multiples, elle s’estime totalement rincée. Après la pluie, le soleil sera-t-il au rendez-vous ? La météo est de plus en plus capricieuse…
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