Comment en êtes-vous arrivés à la forte intrication entre votre MSP et votre hôpital de proximité ?
Dr Jean-Louis Gerschtein : En 2012, nous étions quatre ou cinq médecins installés à Breil-sur-Roya, et nous intervenions tous déjà dans le service de soins de suite et de réadaptation (SSR) de ce qui était alors un hôpital local. Quand nous avons commencé à réfléchir à créer une MSP, la situer dans un local qui était à rénover et qui se trouvait au cœur même de l’hôpital nous est apparu comme une évidence. Nous avons donc réuni médecins, kinés, infirmiers, etc., à cet endroit. Cela nous a permis de nous rapprocher de ce lieu qui représentait déjà une partie importante de notre activité. Notre MSP réunit aujourd’hui 31 professionnels, dont six généralistes.
On peut cependant être proches voisins et ne pas collaborer intensément…
Dr J.-L. G. : En l’occurrence, la collaboration se passe très bien. J’assure la présidence de la CME de l’hôpital de proximité et nous nous sommes arrangés pour que les médecins de la MSP soient aussi médecins coordinateurs des différents établissements médico-sociaux. Cela crée un lien institutionnel encore plus fort. Par ailleurs, nous avons formalisé plusieurs conventions entre la MSP et l’hôpital. C’est par exemple la MSP qui porte le plateau technique de l’hôpital et qui met à sa disposition une table de radiologie et un appareil d’échographie. L’hôpital, de son côté, met à disposition une salle de réunion, et la MSP a acheté le matériel pour en faire une salle de téléformation et de téléconsultation.
La labellisation en tant qu’hôpital de proximité change-t-elle quelque chose à vos conditions d’exercice ?
Dr J.-L. G. : Cela permet d’asseoir le rôle de l’hôpital de proximité comme plaque tournante de l’accès aux soins sur son territoire : il ne s’agit pas d’avoir un maître d’école hospitalo-centré qui dit « c’est moi qui décide » mais un acteur qui va au contact des professionnels, qui crée des dynamiques, qui développe l’attractivité… D’autre part, la réforme du financement, avec la dotation financière garantie et les missions territoriales, permet de s’inscrire dans la durée.
Vous dressez un tableau très positif de la situation de votre territoire. Y a-t-il des sujets d’inquiétude ?
Dr J.-L. G. : La principale difficulté de notre hôpital de proximité, comme dans beaucoup de territoires peu denses, est le recrutement d’infirmiers et d’aides-soignants. Notre territoire est l’un des plus isolés de France, nous avons subi la tempête Alex fin 2020 et la question de l’attractivité met clairement en danger la survie de nos établissements.
La réforme des hôpitaux de proximité vous aide-t-elle à faire face à ces difficultés ?
Dr J.-L. G. : Pour le moment, non. Certains de nos établissements médico-sociaux, s’ils ne trouvent pas de solutions rapidement pour recruter des infirmiers, ne pourront plus fonctionner à très brève échéance.
« La labellisation permet d’asseoir le rôle de l’hôpital de proximité »
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