Quelles tâches remplit l’assistant médical en Allemagne ?
Dr Sabine Bayen C’est un métier à part entière, accessible après trois ans de formation. Les assistants prennent les appels, gèrent la carte Vitale, donnent les rendez-vous. Ils installent les patients dans une salle d’examen où ils peuvent prendre la tension, les mesures, les pesées, mais aussi faire des prises de sang, ECG, EFR, immobilisations. Toutes ces tâches sont réalisées sous la responsabilité du praticien. Chacun est libre de former son assistant à sa guise selon ses besoins. Certains font les vaccins, les sutures, vont en visite avec le médecin… L’Allemagne est le pays avec la plus courte durée de consultation, six minutes en moyenne contre 18 en France.
Combien coûte un assistant, et qui le finance ?
Dr S. B Les assistants sont rémunérés directement par le médecin qui les emploie. Le salaire est de 1 884,45 euros la première année professionnelle et peut monter jusqu’à 3 713,65 euros à partir de la 17e année de pratique. En Allemagne, il existe un paiement par capitation, le patient ne paie pas directement le médecin. Chaque généraliste reçoit 10 euros par patient tous les 4 mois et 40 euros pour les patients chroniques. Chaque année, le médecin négocie son budget annuel avec l’Ordre des médecins généralistes et par département.
Pensez-vous que le modèle allemand puisse être transposé en France ?
Dr S. B Oui, je suis sûre que l’on pourra créer un nouveau métier avec un statut différent de celui de la secrétaire et de l’infirmière. En Allemagne, il y a des secrétaires médicales, mais pas d’infirmières libérales, seulement des infirmières spécialisées aux soins à domicile employées par des organismes privés. En France, il faudra avoir un binôme secrétaire/infirmière ou proposer des formations par compétence. Mais il faudra que cela vienne de la base et consulter les généralistes pour savoir comme ils travaillent déjà et surtout ne rien imposer. Les Français ne seront pas forcément favorables à ce système à la chaîne car le fait de payer directement son médecin induit une notion de prestation. Par contre, dans les zones sous-dotées, les patients préféreront sans doute voir un généraliste, même cinq minutes, plutôt que pas du tout. Mais le fait de raccourcir le temps médical pur ne doit pas nuire à la communication, essentielle à l’efficience des soins centrés sur la personne.
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