Concrètement, une ESP, qu’est-ce que c’est ?
Dr Teddy Bourdet : C’est une équipe pluriprofessionnelle, constituée au minimum de deux professionnels de santé dont au moins un généraliste. C’est le premier maillon de l’exercice pluriprofessionnel qui puisse se décliner partout en France. Ce nombre minimal permet à tout le monde de se lancer dans le travail en équipe. L’enjeu, c’est vraiment la coordination, de travailler ensemble pour des sujets nécessitant vraiment un travail conjoint entre plusieurs professionnels de santé, comme les sorties d’hospitalisation ou les plaies chroniques. Il y a aussi la gestion des traitements, notamment le suivi du diabète.
À quoi sert votre association ?
Dr T. B. : En Pays de la Loire, nous avions mené une enquête de terrain pour savoir comment déployer ces ESP et aider les professionnels à se lancer. Dans la loi de 2016, il n’y a pas de structuration juridique prévue. Il n’y a pas d’obligation de se constituer en association ou en équipe formalisée. Il faut seulement un projet de santé et un travail conjoint. Nous avons donc choisi de créer une association régionale pour soutenir les professionnels, leur apporter un peu d’expertise, d’aide à la constitution des équipes et être le support juridique leur permettant d’être financées.
Quel intérêt a un médecin à s’engager dans une ESP ?
Dr T. B. : Dans d’autres régions, des médecins, des infirmiers et d’autres professionnels travaillent déjà en équipe. Mais ces échanges ne sont pas formels, et surtout pas indemnisés. Donc l’intérêt premier est de mettre cela sur le papier, de formaliser un travail en équipe et ensuite d’être rémunéré pour ce temps-là. Quand on met en place un protocole de sortie d’hôpital, c’est très clairement une amélioration de la vitesse de l’information. Le premier professionnel qui est informé de la sortie d’hôpital du patient informe les autres par messagerie sécurisée. Et s’il y a besoin d’une coordination, une réunion rapide se met en place.
C’est donc la formalisation de choses qui se font déjà, mais quand même de façon un peu plus structurée. L’équipe est plus réactive pour la prise en charge du patient. Et puis le gain de temps va jouer sur l’efficience, sur le temps médical auprès du patient. Plus on s’entend entre infirmiers, médecins et pharmaciens pour savoir qui fait quoi, plus cela permet à chacun de se concentrer sur ses compétences.
Comment les professionnels engagés sont-ils rémunérés ?
Dr T. B. : Actuellement, le financement se fait via le Fonds d’intervention régional des ARS, qui ne peut pas rémunérer directement les professionnels. Nous servons donc d’interface pour permettre aux soignants engagés dans les ESP d’être indemnisés.
Chaque membre est rémunéré en fonction des actions auxquelles il participe. Un professionnel de santé qui a moins de temps et qui veut juste être informé, recevoir des mails, ne va pas toucher d’argent spécifique. S’il participe à une réunion, à une action, un protocole, il aura une rémunération. C’est donc très variable d’un professionnel à l’autre. Le budget prévu par ESP lorsqu’on a rédigé le cahier des charges était à peu près de 10 000 euros par an et par équipe. En pratique, ça dépend de la taille de l’équipe.
Comment les ESP s’articulent avec les CPTS ? Quelles sont les différences ?
Dr T. B. : La CPTS va avoir des outils, des actions larges sur lesquelles chaque équipe de soins primaires peut s’impliquer. Disons que le cadre général relève de la CPTS et que l’effection pratique relève des ESP. Les CPTS ont des perspectives plus globales, à l’échelle populationnelle. Les ESP se concentrent plus sur l’échelon de la patientèle.
*ESP CLAP : Équipes de soins primaires coordonnées localement autour du patient. Dispositif mis en place par l’ARS et les URPS des Pays de la Loire.
Dr Teddy Bourdet, président de l’association ESP CLAP* : « Les ESP formalisent le travail en équipe qui existe déjà »
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