Comment s’est organisé votre travail ?
Pierre-Louis Druais J’ai choisi de travailler à partir d’un canevas qui était de s’interroger et définir les caractéristiques de la médecine générale et la fonction traitante du médecin généraliste car il a été choisi, par la majorité des patients, comme médecin traitant. Il y avait également une question à propos du parcours de santé et du parcours de soins. Un autre aspect de la réflexion concernait tous les éléments de territorialité, de l’organisation des structures de soin pour les soins de santé primaire. Et, enfin, il y avait les éléments du mode de rémunération. Il y a un dernier chapitre de questions, que je n’ai pas encore exploré totalement, qui est le rôle des patients dans le système de santé. J’ai donc constitué différents groupes pour aborder ces questions : un groupe « université » qui concernait l’université et la formation initiale, un groupe « professionnel » avec les syndicats, un groupe « générationnel » composé de toute la jeune génération. J’ai ensuite interrogé les centres de santé et la Fédération des maisons de santé, les médecins salariés. Enfin, j’ai interrogé des personnalités comme le directeur général de la CNAM (Nicolas Revel, Ndlr), le président de la Conférence des doyens, l’Ordre, des médecins particulièrement impactés par les inégalités de santé, les médecins de montagne. Voilà, c’est le premier niveau de réflexion qui nous a permis de rendre une copie.
Quelles sont les propositions que vous avez présentées au cabinet de la Ministre ?
P.-L. D. On pense, et c’est la première demande, qu’il faut qu’il y ait dans la loi un chapitre spécifique pour la médecine générale et les soins primaires. Ca mérite largement un chapitre particulier qui expliciterait les éléments standards de la discipline, le médecin traitant et la médecine de ville. L’organisation des soins, autour du patient, nécessite aussi de dire qui fait quoi. Ensuite, on propose des éléments pour qu’il y ait une vraie politique d’adaptation, d’évolution du système de soins primaires vers des maisons et pôles de santé, vers l’exercice regroupé.
On fait aussi des propositions en terme de territorialité, dans la manière de gérer les soins aux patients.
Aujourd’hui, on pense que ça n’est pas aux ARS ni à la Caisse Nationale d’Assurance-maladie de délivrer
des soins mais leur rôle est de faciliter la délivrance des soins. C’est aux professionnels de définir comment on optimise et on délivre les soins aux patients. Les ARS ne sont pas là pour se substituer aux professionnels mais pour être des forces d’appui. Même s’il faut tenir compte de leur avis et de leurs demandes pour trouver des éléments innovants et structurants de la qualité des soins.
Enfin, il y a des propositions en matière de rémunération. Le paiement à l’acte doit rester un élément fort de la rémunération du généraliste mais il faut lui accrocher un certain nombre de forfaits autour de démarches cliniques ou des forfaits structure, que cette dernière soit regroupée ou non. Il y a un certain nombre de choses à améliorer pour aller vers l’objectif de la stratégie nationale de santé, c’est-à-dire l’amélioration de la qualité et de la sécurité des soins aux patients.
En quoi consisteraient ces forfaits ?
P.-L. D. On voit bien que, de plus en plus, on est sur la prise en charge de patients complexes et chroniques qui nécessitent des consultations qui sont longues, qu’il y a des activités à faire en terme d’éducation, de prise en charge secondaire, autant d’éléments qui ne sont pas rémunérés aujourd’hui. Et puis il y a toute l’activité qui vient s’ajouter en l’absence du patient : gestion clinique de son dossier, travail de synthèse, échange avec les correspondants pour optimiser la qualité et l’efficience des soins. Nous faisons des propositions concrètes destinées à ce que la loi comporte des éléments permettant de les mettre en application ensuite.
« Des propositions concrètes pour modifier la loi »
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes