Sans-frontiérisme contre populisme

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Publié le 02/05/2019
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AQUARIUS

AQUARIUS
Crédit photo : AFP

L’accueil des migrants est devenu la question fondamentale qu’affrontent les ONG humanitaires, en France et dans le monde, dans un contexte de raidissement généralisé de l’opinion publique comme des dirigeants politiques. Après avoir mené un mouvement inédit de suspension de leurs activités, vingt associations françaises ont écrit au Premier ministre le 25 avril pour l’alerter sur la situation dramatique des migrants en France. Le mois dernier (24 mars), 25 ONG internationales dénonçaient dans une « lettre ouverte aux chefs d’État de l’UE » la politique européenne de fermeture des frontières, dénonçant en particulier le sort « désastreux » des 12 000 personnes retenues actuellement sur les îles grecques.

« Régression humanitaire colossale. »

« À l’époque de l’île de Lumière (intervention de sauvetage des Boat People en mer de Chine en 1979, N.D.L.R.), rappelle Bernard Kouchner, la société civile dans son ensemble était engagée aux côtés des humanitaires. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Jamais je n’aurais pu imaginer qu’après un demi-siècle de mobilisations pour les droits de l’Homme, la France refoulerait un bateau (l’Aquarius, N.D.L.R.), alors même que les Corses étaient prêts à l’accueillir (…) Nous assistons en ce moment à une régression humanitaire colossale », s’indigne le fondateur de MSF et ancien ministre des Affaires étrangères.

« Notre ennemi, c’est la bêtise et la sauvagerie ! », s’emporte Jacques Bérès. « Nous devons nous dresser contre les éructations xénophobes de certains leaders », estime l’ancien président de la Croix-Rouge française, le Pr Marc Gentilini. « Les populistes surfent sur la vague antimigratoire et mettent la pression sur l’opinion, mais les soignants ne les laisseront pas fouler aux pieds le principe de fraternité, assure Philippe de Botton (MdM). « Le populisme perturbe nos programmes partout dans le monde, il s’en prend à nos missions en dressant partout des frontières et des murs, Il démoralise nos collègues. Mais le sans-frontiérisme est plus mobilisé que jamais, affirme Mego Terzian.

Et pour structurer ce front commun humanitaire anti-populiste, informer l’opinion et faire réagir les gouvernements, Rony Brauman en appelle aujourd’hui à la création d’un GIEC de la migration, sur le modèle du groupe d’experts sur le climat.

Ch. D.

Source : Le Quotidien du médecin: 9746