Vocation

Généraliste, pas une spécialité faite pour tous

Par
Publié le 14/02/2022
Article réservé aux abonnés

Aujourd’hui, trois générations de médecins généralistes se fréquentent au quotidien et parmi eux… des familles de praticiens, lesquels cohabitent parfois dans le même cabinet et se donnent trucs et astuces pour exercer le métier. Quid d’une endogamie médicale ? On peut être un père omnipraticien et voir ses enfants aller vers d’autres spécialités, comme le raconte le Dr Michael Bauwens.

Crédit photo : DR

Certains omnipraticiens ont participé à faire naître chez leurs enfants la vocation de médecin… mais pas généraliste ! Le Dr Michel Bauwens, installé à Souppes-sur-Loing (Seine-et-Marne), n’est pas fils de médecin. En revanche, ses trois enfants sont médecins spécialistes. L’une est gynécologue obstétrique ; une autre pédopsychiatre libérale ; et le dernier chirurgien orthopédique. Très jeunes, ils se sont intéressés à son métier. « Ils m’ont vu travailler, sur le terrain et dans mon cabinet, où je les ai emmenés. Je leur racontais des anecdotes. Mon aînée, à cinq ans, s’était levée une fois, la nuit, pour m’accompagner en garde ! » Mais il ne les a jamais poussés à faire des études de médecine. « Je ne les ai pas encouragés à faire comme moi. Mais je pense que je les ai influencés par l’humanité dont je faisais preuve avec mes patients. Je pense qu’ils n’ont pas voulu être généralistes car c’est un métier fatigant mentalement et physiquement. Ils ont cherché des spécialités plus fortes que leur père (rires) et un confort. »

Le Dr Bauwens retient une phrase sur la transmission clinique : « Tout a été écrit, mais tout n’a pas été lu ! ». Ainsi, avec ses enfants, « on se comprend entre médecins et la filiation permet cette confiance entre nous ». Il n’hésite donc pas à passer un coup de fil à sa progéniture en cas de « situation d’échec », quand il doit prendre une décision et qu’aucun confrère n’est disponible. « La semaine dernière, une patiente avait une fracture du col de l’humérus. Le chirurgien n’était pas à l’hôpital. J’ai appelé mon fils. Je lui ai expliqué la situation. En quatre minutes, il m’a donné son expertise ! » Il y a donc une réelle transmission, s’émeut-il.

Également maître de stage, l’omnipraticien observe toutefois une fracture générationnelle avec les futurs généralistes : « les jeunes veulent un confort professionnel et personnel, travailler en groupe, mais ils se sentent handicapés sur la gestion juridique, informatique, économique et administrative du quotidien du médecin libéral… ça ne les encourage pas beaucoup ! J’essaye de leur montrer comment faire pour obtenir soins de qualité et aisance financière. »


Source : lequotidiendumedecin.fr