Préparer les esprits aux mesures d’économies, tel était le message sous-jacent du discours du Premier ministre le 15 avril. Dans une allocution intitulée « La vérité permet d’agir », François Bayrou n’a pas hésité à dramatiser : « Seule une prise de conscience de nos concitoyens, seule la confrontation les yeux ouverts avec la vérité de notre situation peut soutenir une action déterminée. » S’il a présenté quatre orientations générales, le locataire de Matignon ne s’est pas étendu sur les solutions qui seront déclinées dans les budgets de l’État et de la Sécurité sociale, habituellement présentés en septembre, avant l’examen au Parlement. Cette année, pas question de traîner. François Bayrou entend que « ces grands choix soient proposés avant le 14 juillet ».
À quelle sauce sera mangé le secteur de la santé ?
Si le système de santé n’a pas été spécifiquement mentionné, à quelle sauce le secteur sera-t-il mangé ? Le Premier ministre n’en a rien dit mais Catherine Vautrin, locataire de Ségur, a appelé tous les acteurs à travailler ensemble pour trouver des solutions permettant de sauver notre modèle social solidaire.
Certaines institutions ont déjà poussé leurs pions cette semaine. La Cour des comptes a dégainé lundi 14 avril avec une note de synthèse sur les dépenses maladie qu'il serait urgent de contenir. Au total, 15 mesures, avec à la clé quelque 20 milliards d’euros d’économies d’ici à 2029. Outre de ne pas relâcher la lutte contre la fraude, les magistrats financiers préconisent une analyse systématique des pratiques médicales et des prescriptions pour identifier les prises en charge atypiques ou évitables au regard des référentiels de la Haute Autorité de santé. Pertinence des soins, efficience, optimisation des dépenses de produits de santé… la liste n’est pas nouvelle. Mardi dernier, c’est le comité d’alerte indépendant sur les dépenses maladie qui a lancé à son tour un avertissement. Il appelle « à une vigilance renforcée » sur l’évolution 2025 des dépenses de soins de ville, très dynamiques, et s’alarme du déficit croissant des hôpitaux publics.
L’étau des économies semble donc se resserrer à tous les étages… sur un secteur pourtant en mal d’investissement.
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