À votre arrivée à l’Assurance Maladie, vous avez fait de la simplification une priorité. Avez-vous atteint vos objectifs ?
Nicolas Revel. J’ai essayé d’amener des évolutions. Le praticien libéral n’a pas plus de charge administrative que tout autre professionnel libéral. Toutefois, lorsqu’il exerce seul avec peu de ressources de secrétariat et d’assistance, sa charge est très importante. Cela signifie aussi qu’il faut, face au manque de généralistes, accélérer les regroupements de professionnels. Exercer à plusieurs permet de se libérer et de confier cette charge à d’autres collaborateurs. L’augmentation de la taille moyenne des patientèles est aussi une charge administrative potentielle en plus. Par ailleurs, le déploiement et le financement par l’Assurance maladie d’assistants médicaux, dès l’année prochaine, devront permettre d’accompagner et de soulager les médecins, y compris pour une part dans leurs tâches administratives.
Qu’est-ce que l’Assurance Maladie a mis en place pour alléger le temps administratif des généralistes ?
N. R. Nous avons revu les modes d’admission en ALD en améliorant le téléservice PSE (protocole de soins électronique) et supprimé les contrôles a priori sur toute une partie des pathologies. Aujourd’hui, ce service est utilisé dans 80 % des cas d’admission – contre 30 % il y a deux ans. Depuis cette année, nous avons aussi changé les modalités de leur renouvellement. Les ALD à échéance sont reconduites automatiquement pour les patients atteints de pathologies durables ou dégénératives comme le diabète ou Alzheimer. Sur les rejets de tiers payant, qui est un sujet récurrent, nous garantissons depuis 2016 le paiement de la consultation en fonction des droits inscrits dans la carte Vitale au moment de la facturation. Par ailleurs, nous n’appliquons plus de refus sur des consultations hors parcours de soins. Le service ADRi permet quant à lui de facturer sur la base des droits réels, y compris quand le patient n’a pas sa carte Vitale. 53 % des médecins en sont équipés.
Les arrêts de travail sont aussi pointés du doigt par les médecins pour la charge que leur traitement représente…
N. R. La simplification des arrêts de travail et des certificats d’accident de travail et de maladie professionnelle constitue aujourd’hui une priorité pour l’Assurance maladie. Nous souhaitons faire décoller les téléservices qui permettent de les gérer en ligne. 40 % des médecins utilisent ces outils pour l’instant, avec une progression de 10 points depuis l’an dernier. Mais ce n’est pas assez. Nous allons travailler sur l’ergonomie de ce téléservice pour qu’il soit davantage utilisé. Aujourd’hui, il n’est pas adapté aux patients qui ne sont pas au régime général. Dès 2019, il sera amélioré pour ces régimes particuliers, avec une impression en deux feuilles contre cinq auparavant. Le but est que le téléservice concerne tous les régimes à terme. Cela permettra aussi de fiabiliser ces arrêts de travail et d’accélérer les versements d’indemnités journalières.
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