Le DSM IV définit ainsi l’hypochondrie : « préoccupation centrée sur la crainte ou l'idée d'être atteint d'une maladie grave, fondée sur l'interprétation erronée par le sujet de symptômes physiques. Elle fait partie des troubles somatoformes (conversion, somatisation, dysmorphophobie...) ». Dans le DSM V*, exit l'hypochondrie. Elle devient « trouble anxiété de maladie » dans le cadre des « troubles de symptômes somatiques » (Somatic Symptom Disorder ou SSD).
Pourquoi ce changement de terminologie nosographique ? Les experts de l'Association Américaine de Psychiatrie expliquent vouloir éliminer les chevauchements entre les divers troubles somatoformes. Pour « le trouble anxiété de maladie », il faut désormais trouver des symptômes somatiques perturbant le patient pendant au moins six mois, associés à des pensées, comportements, sensations vécus avec anxiété et consommant temps et énergie.
Pour le Dr Samuel Lepastier (directeur de recherche au Centre d’études de psychopathologie et psychanalyse, université Paris Diderot), « la place des troubles hystériques en médecine pose problème aux experts psychiatres de l'APA qui cherchent à se conformer au modèle des troubles en médecine interne ». Dans le DSM III, les troubles hystériques sont clairement retrouvés sous la forme des troubles dissociatifs avec les personnalités multiples, les troubles de la personnalité de type histrionique et les troubles somatoformes (trouble de conversion et l'hypochondrie).
Freud aux oubliettes
Dans le DSM IV, il reste un reliquat des manifestations liées aux troubles hystériques à travers les troubles somatoformes. Enfin, dans le DSM V, il n'existe plus de manifestations hystériques : les troubles de conversion, somatisation, dysmorphobies, hypochondrie disparaissent au sein des SSD. Bref, c'est Freud qui passe aux oubliettes ! Pourtant le DSM V évoque des « soins holistiques » à promouvoir pour les patients souffrant de ces SSD. « Ils sont vus en premier recours par les généralistes... et cette nouvelle terminologie sera plus facile à utiliser par les praticiens non psychiatres pour diagnostiquer ces patients. » Et les experts psychiatres de l'APA font confiance à l'expérience clinique des praticiens pour mieux identifier ceux d'entre eux qui ont besoin de soins...
Certes, mais quels soins pour ces patients? Pour le Dr Lepastier, les patients autrefois « hypochondriaques » et souffrant aujourd'hui « d'anxiété de maladie » doivent bénéficier de soins au cours desquels leur souffrance est reconnue. Donc pas de « Vous n'avez rien » si les explorations reviennent normales. Mais, plutôt,
« Pour l'instant, il n'y a pas de lésions » ou « Vos troubles sont liés à une situation stressante ». Une écoute empathique, des séances de relaxation, une psychothérapie, des antidépresseurs à dose filée ou une amélioration des conditions de vie du patient aideront le plus souvent à apaiser cette « anxiété de maladie ».
Article suivant
« Ces patients doivent s’interdire les recherches santé sur Internet ! »
DSM V : l'hypochondrie, c'est fini !
« Ces patients doivent s’interdire les recherches santé sur Internet ! »
Un rire peu contagieux
« Ce que fait le député Garot, c’est du sabotage ! » : la nouvelle présidente de Médecins pour demain à l’offensive
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
Face au casse-tête des déplacements, les médecins franciliens s’adaptent
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences